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Bordj Bou Arréridj
Zahira est morte de froid
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2005

Elle a été retrouvée raide, gelée, glacée sur son carton de SDF, sur le trottoir des pompiers face à la caserne de la gendarmerie. Zahira a choisi depuis des années de passer ses nuits sur ce trottoir. Hélas ! Le froid 2005 est plus terrible que les hommes. Qui ne connaît pas Zahira à Bordj Bou Arréridj.
C'était une femme d'âge moyen, cheveux au vent, au regard vitreux, aux vêtements crasseux mais jadis distingués et qu'elle n'ôte jamais été comme hiver : un manteau à la mode rétro, en mohair noir ; un tailleur gris, veston et pantalon en flanelle douce ; un chemisier mousquetaire en dentelle blanche, des souliers à talons hauts, en lambeaux... Une sape qui suggérait du goût et un statut social. Elle a débarqué tout à coup dans les rues de la ville en 1995-1996. La rumeur dit qu'elle fut une coiffeuse bien établie dans la région blidéenne, mariée à un prof et mère de deux enfants. Le couple moyen algérien. On dit qu'elle a vu les yeux grands ouverts, le dragon terroriste forcer sa porte, et le massacre crapuleux de toute sa famille. Comment, elle a pu s'en sortir ? Ce qu'elle a enduré ? Mystère. Qu'importe. L'insoutenable l'a jetée dans le tunnel de la folie, du silence des agneaux, et de l'errance. Une victime de la décennie tango. Un déchet humain qui déambule avec ses baluchons, avec ce qui lui restait de son ancienne grâce ; arpentant de jour comme de nuit les rues de Bordj. Ainsi, Zahira est devenue familière aux passants, sans parler et sans que le monde ne sache de quoi sont faits les abîmes de sa douleur. A Bordj Bou Arréridj, on lui connaît la prestance de sa promenade, ses maquillages soudains et fantasque et quelques accès de colère, applaudie quand elle casse quelquefois un pare-brise arrogant et phallocrate. Et surtout, ce regard tantôt vitreux, tragique, métaphysique, tantôt cynique, souriant, moqueur comme s'il nous interrogeait sur la risible condition des Algériens que nous sommes. Comble du destin, on l'a trouvée sur un carton de hasard, gelée, éteinte, froide et glacée ; mais le sourire tout de même conservé comme un rictus dans le frigo cosmique des Hauts-Plateaux qui a ouvert très grande sa gueule carnassière depuis quelques jours. Une foule nombreuse de jeunes surtout a assisté à son enterrement. Malgré le choc et la suprême détresse de l'événement, aucun « élu » du peuple, aucun dignitaire local de « l'humanitaire » ou du « social » n'a daigné supporter la bise hivernale pour venir l'accompagner à sa dernière demeure. Bah ! Un malheur, cela n'arrive qu'aux autres. Dernier communiqué du Croissant et du ministère de la Solidarité : « Ceux qui ont peur du froid peuvent toujours appeler au numéro... » Demain, on rasera gratis. Ainsi va la vie.

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