L'Association de défense des droits des militaires (Adefromil), créée en 2001, pour recueillir des témoignages de militaires, dénonce dans un rapport* « des pratiques d'un autre âge » dans l'armée française, surtout dans la Légion étrangère. Michel Bavoil, capitaine à la retraite, président de l'association, décrit, dans une interview au Figaro (édition de vendredi), une situation alarmante. « Nous mettons le doigt sur des dysfonctionnements majeurs. Et principalement à la Légion étrangère. La Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et par la menace, il faut le savoir, sinon, 85% d'entre eux se sauveraient. Par ailleurs, les commandants profitent de leur pouvoir sur eux, parce qu'ils sont tous étrangers : ils décident des certificats de bonne conduite dont dépend l'attribution de titres de séjour. Et font du chantage avec ça. Et comme les légionnaires ne s'engagent pas sous leur vrai nom, mais sous une ‘‘identité déclarée'', des problèmes surgissent toujours en fin de contrat. C'est un scandale, on ne peut pas traiter des étrangers comme ça ! », affirme Michel Bavoil. Et il donne l'exemple de « cet ancien légionnaire, Taleb. Il a été réformé suite à une blessure au genou, libéré à Marseille sans ses papiers, ce qui a posé des problèmes quand il s'est présenté à l'hôpital pour se faire opérer ». « Il y a aussi Gurkha, un Népalais, atteint d'une tuberculose. Il a eu un moment de déprime et s'est retiré de la Légion quelques jours. Ce qui ne lui a pas été pardonné : la Légion l'a renvoyé à Paris, lui a retiré tous ses papiers et lui a bloqué son compte bancaire à la poste. Et puis, j'ai aussi des photos de légionnaires en train de ramper en slip et en rangers la nuit, avec à côté un gradé qui tient un grand bâton et une bière. Ça relève du code pénal ! C'est un autre monde, on a l'impression de revenir 100 ans en arrière chez eux ! », révèle-t-il A titre d'information, il est à préciser qu'à ce jour, 5 % des légionnaires engagés sont originaires du Monde arabe, en général, et du Maghreb, plus particulièrement. Les Algériens en représentent entre 1 et 1,5 % et les Marocains, légèrement plus, 1,7% (lire El Watan du 26 mai 2008). En termes de chiffres, les Algériens représentent un total d'une centaine d'engagés sur les 7700 légionnaires qui composent la Légion étrangère. Entre 10 et 15 sont recrutés annuellement. Ces chiffres ne concernent que les Algériens venus directement d'Algérie ; ne sont pas comptabilisés les Français d'origine algérienne ou qui vivent en France avec un titre de séjour. Un légionnaire étranger peut demander la naturalisation française au bout de trois ans de service. Le légionnaire qui ne souhaite pas opter pour la nationalité française peut conserver son statut d'étranger et peut tout autant rester en France à l'issue de son contrat, dès lors qu'il est en possession d'une carte de résident. *Rapport sur les droits de l'homme dans l'armée française, 2005-2008, Adefdromil, 28, rue d'Edimbourg, 75008, Paris. L'intégralité du texte n'est pas disponible sur le Net.