Il était 20h 40. Des dizaines de personnes sont rassemblées place des Martyrs tout près de l'hôtel Cirta, à l'encoignure donnant sur l'avenue Aouati Mustapha. Ils viennent, pour certains, de finir leur travail, ou sont descendus en ville faire une simple course, pour d'autres ; tous sont en quête d'un taxi. Ce dernier tardera à venir ou ne viendra tout simplement pas. C'est la dure réalité du transport à Constantine, où les bus à destination de la nouvelle ville Ali Mendjeli s'arrêtent aux alentours de 20h ; les taxis, eux, font presque de même, voire plus tôt encore ; ils désertent les rues, laissant derrière beaucoup de « retardataires » livrés au froid et aux dangers de la nuit. La seule solution dans ces cas est de prendre un taxi clandestin. Ils sont, à cette heure-ci, disponibles, et en grand nombre. Entre Mégane, Aveo et même Mercedes, le client a l'embarras du choix. Ammi Moussa est retraité. Il exerce en « taxi clandestin » depuis un bon moment déjà, ce qui lui permet d'arrondir ses fins de mois et de s'occuper, par la même occasion. D'autres font comme lui. Ils sont fonctionnaires, étudiants ou à la recherche d'un emploi. La nuit tombée, ils prennent le relais du transport dans tout Cirta et les alentours. Pourquoi n'y a-t-il pas de taxis la nuit ? Ce métier n'est-il exercé que pendant la journée ? Se rend-on compte qu'assurer le transport des personnes relève du service public ? Par ailleurs, il convient de signaler que les taxis clandestins font l'objet de contrôles fréquents par les services de police, sur plusieurs axes routiers de la ville. Ils sont verbalisés, mais reviennent à la charge, étant souvent chômeurs et pères de famille. En outre, ils font l'affaire des riverains.