Alors que le premier semble avoir pris les devants en remettant sa démission, suite à un rappel à l'ordre qui ressemble plus à un avertissement, le second vient d'être déstabilisé par une motion de retrait de confiance signée par 8 élus sur les 11 que compte l'APC. Ainsi, sur les 18 APC à majorité FLN, obtenues lors des élections d'octobre 2002, rares sont les P/APC qui ont échappé à un retrait de confiance définitif ou temporaire. Ce qui ne permettra à aucune commune de bénéficier d'une période de grâce propice au lancement de quelques petites actions susceptibles d'atténuer les difficultés quotidiennes de ses administrés. Mais ce qui semble se dessiner à la lumière des dernières perturbations, c'est la volonté de l'autorité hiérarchique de réduire les rares espaces de gestion qui dépendaient jusqu'alors des élus. Ainsi, dans une récente note, la wilaya aurait instruit les 32 maires des nouvelles règles régissant les relations entre l'exécutif et les assemblées élues. Désormais, aucun maire n'est autorisé à s'adresser directement à un directeur exécutif sans en référer au chef de daïra. Curieusement, alors que la majorité des augustes représentants – que ce soit à l'échelle communale, régionale ou nationale – s'insurgent en aparté contre cette procédure qu'ils estiment avilissante pour des élus du peuple, aucun parti ou coalition ni, à fortiori, aucun député ou sénateur n'aura entrepris les démarches pour obtenir des éclaircissements. Tout le monde se terre dans un silence qui en dit long sur les capacités réelles des élus à défendre leurs prérogatives. Car ce qui vient de se passer pour le maire de Touahria est parfaitement symptomatique de la déliquescence qui sévit à l'intérieur du FLN. En effet, voilà un jeune maire d'une petite bourgade qui jouait un rôle moteur dans la gestion du FLN, qui se voit – au motif d'avoir appartenu au parti de Nahnah – interdit de participation au dernier congrès. Ayant eu des démêlés avec un agriculteur avec qui il était en affaire, il se voit infligé un avertissement qu'il estime injustifié et disproportionné. Informé de cette sanction par pli ouvert, il ne se donnera aucun répit pour réagir en déposant sa démission qui sera acceptée avec célérité. Alors que la réaction de la tutelle pourrait s'expliquer par la volonté de ne pas laisser pourrir la situation, le silence des responsables du FLN a de quoi surprendre. Un avertissement injustifié ? Y compris à l'intérieur du parti où certains n'hésitent plus à demander si un élu peut user de son mandat sans en référer à son parti. Et dans quelle mesure ce dernier peut-il indéfiniment se désolidariser de son militant dès que l'administration le sanctionne ? Car cet avertissement, qui entraînera la démission surprenante, ne serait – à en croire nombre de militants et d'élus – en réalité qu'une anticipation de ce qui attendait le maire de Touahria. En ce qui concerne la situation du maire de Aïn Tédelès, qui était en difficulté, notamment depuis le départ de l'ancien chef de daïra avec lequel il entretenait une solide relation, le problème est tout autre. Ce redresseur de la première heure, qui se définit lui-même comme étant un des plus fidèles soutien au président Bouteflika, avait eu une altercation avec un de ses administrés. L'affaire en serait restée aux intentions, ce qui n'empêchera pas ses adversaires au sein même du FLN de la brandir comme une épée de Damoclès. Là encore, élus et militants du vieux parti sont surpris de l'absence de réactions des responsables qui ont laissé la situation, dans la commune et à l'intérieur de l'exécutif, s'engluer sans réagir. Car, au pays des Medjahers, la réconciliation n'est pas un vain mot. Il eut suffi d'un simple rappel à l'ordre à l'endroit des élus pour que le différend soit à jamais enterré. Encore une fois, les responsables du FLN, notamment ses 5 députés, ont fait montre d'une désinvolture désespérante. Pourtant, les échéances électorales ne sont pas lointaines et le parti aura besoin de tous ses fidèles. Assurément, en lâchant les maires de Aïn Tédelès et de Touahria, ces responsables ont omis l'essentiel. Et cela, nombre de militants sont unanimes à le regretter, voire à le condamner. Car, en laissant choir Abderrahman Forlou et Hadj Amor Hamiti, désormais ex-maires de Touahria et de Aïn Tédelès, ce sont deux redoutables outsiders que l'on tente de soustraire du paysage politique local. Le premier avait toutes les capacités pour prendre la relève au niveau de la mouhafadha et le second lorgnait sérieusement du côté du Sénat. Leur retraite tant souhaitée arrangerait beaucoup de prétendants.