Avec un taux de participation d'apparence anachronique, les élections locales de jeudi dernier auront totalement redessiné la carte politique locale, notamment par l'émergence totalement inédite d'une nouvelle formation politique, dont les ambitions risquent de déjouer tous les pronostics. Y compris ceux des plus avertis. En effet, il suffit d'observer que le véritable gagnant de cette nouvelle mouture des élections communales n'est autre que le FNA de Moussa Touati, qui est présent dans pas moins de 22 communes. A ce titre, avec 39 élus, il passe à la troisième place, jadis occupée par le HMS qui n'aura ramassé que 32 élus répartis à travers 21 communes. A la seconde place, se positionne le RND. Pour le parti de Ouyahia, c'est une véritable revanche face à son adversaire le plus coriace. En effet, en prenant la tête de 10 communes et étant en ballottage favorable dans 4 communes où il vient à égalité avec le FLN et des listes indépendantes, le parti se comporte déjà comme nouveau chef de file. Car, au FLN, le score réalisé au niveau des communes est plutôt laborieux à supporter. Alors qu'il gérait 18 mairies dans la dernière législature, le parti drivé par Belkhadem aura connu un gros et sévère revers dans la wilaya de Mostaganem, anciennement fief des redresseurs. Cette cuisante défaite, qui pourrait de prime abord profiter à son rival du RND, n'explique pas seulement par les antagonismes à l'intérieur du vieux parti. Car il est illusoire de croire à sa bonne étoile lorsque, ni les bilans de ses APC, ni les profondes divergences entre ses membres et entre ses cadres dirigeants ne plaident en sa faveur. Ce n'est pas de bonne augure lorsque ce parti ne parvient à imposer ses listes qu'à l'ultime instant, alors que ses adversaires étaient déjà préoccupés par l'après élection. Confronté à une direction nationale totalement incohérente, qui poussera l'indigence jusqu'à parrainer et à proposer plusieurs listes contradictoires, la base du part s'en trouvera désemparée. La mise à l'écart sans ménagements d'un grand nombre d'élus aura poussé certains à se présenter sous une nouvelle étiquette. A ce titre, Aïn Boudinar et Kheireddine passeront au FNA, grâce à des transfuges du FLN. A Sour, ce parti arrive à égalité de sièges avec la liste indépendante, conduite par le maire sortant. Les anciens maires de Stidia, Hassi Mamèche et Aïn Nouissy parviendront à se faire élire. A Haciane, l'ancien P/APC FLN aura aidé le HMS à prendre la mairie. Hadjadj n'aura aucun élu FLN, passe au RND, alors que l'ancien maire FLN se fera élire sur une liste Islah. Distribution des postes A Mostaganem, les résultats obtenus par le FLN ne lui laissent qu'une infime marge de manœuvre. Arrivé premier avec seulement 8 sièges, il est talonné par le FNA qui enregistre à son actif pas moins de 4 sièges. A deux, ils obtiennent la majorité absolue. Ce qui devrait les inciter à se rapprocher. Mais la partie est loin d'être gagnée. Car les formations en lice sont le RND (3 sièges), le HMS (3 sièges), le PT (3 sièges) et Islah (2 sièges), dont la plupart des élus, qui sont des transfuges du FLN ou du RND, ont à leur actif un ou plusieurs mandats. Ce qui donne à l'actuelle APC tous les attributs d'une arène où les joutes pourraient ne pas être qu'oratoires. De sombres perspectives pour la nouvelle assemblée mais également pour la population. A l'APW, la situation est encore plus complexe pour toute la classe politique. Si le FLN arrive en tête avec 14 élus, il ne dispose pas encore d'une majorité qu'il devra chercher en s'alliant avec d'autres forces en présence. Avec 9 élus, le RND serait tenté de créer une coalition et de faire la différence. Mais rien n'est encore joué. Celui qui sera amené à jouer l'arbitre est incontestablement le FNA qui dispose de 7 sièges. Des voix qui valent de l'or. Ce potentiel est à même de faire basculer la majorité du côté souhaité. C'est pourquoi, dès l'annonce des résultats, ses responsables font l'objet de toutes les sollicitudes. Même le HMS (5 sièges) et le PT (4 sièges) peuvent participer à la distribution des postes, dont celui de président de l'APW qui ne devrait pas échapper à Soltani, le chef de file du FLN. Pour peu que des accords soient conclus avec les forces qui comptent. Le RND, avec 9 sièges, sera également partant pour la présidence, à condition d'offrir plus de garanties que son adversaire. Notons, pour conclure, que le nombre total d'élus, qui serviront pour la désignation des futurs sénateurs, est en faveur du FLN qui totalise 99 ; il est suivi par le RND (87), le FNA (46), le HMS (37) le PT (24), Islah (16), le RCD et Nahda (9 chacun) et le FFS avec seulement 1 élu. Les indépendants, qui sont en ballottage pour deux mairies (Sidi Ali avec le RND et Sour avec le FNA) et qui sont déjà majoritaires à Aïn Tédelès, totalisent 12 sièges qui peuvent faire basculer une majorité au moment de l'ultime discorde.