La cité côtière de Sidi Salem, dans la daïra d'El Bouni, mérite bien « la palme d'or » de la saleté. Sur les lieux, l'attention des visiteurs est vite attirée par le linge terne, en permanence suspendu aux fenêtres et aux balcons. Mieux encore, certains locataires transgressent manifestement toutes les règles d'hygiène et de sécurité. « En un laps de temps, cette belle cité, inaugurée il n'y a pas longtemps par le président de la République, est devenue, par manque de civisme, un bidonville. Peu soucieux de l'environnement, on jette les ordures n'importe où et n'importe comment », tient à témoigner un cadre universitaire habitant cette cité. Les immeubles, pourtant nouvellement réalisés, donnent l'impression d'avoir été construits à l'ère coloniale et de n'avoir jamais été peints. Ils sont dans un état de délabrement outrageant : escaliers crasseux, murs fissurés, eaux dégoulinantes, etc. L'état des chaussées et trottoirs n'est guère plus reluisant dans ce quartier où l'on relève, à longueur d'année, des travaux ponctuels, lesquels sont généralement exécutés dans la hâte, à la veille des visites des responsables locaux et nationaux. La circulation automobile et piétonne est très difficile en raison des eaux usées stagnantes, sans compter leur impact sur la santé publique. Sur un autre registre, il faut dire que plus abjectes que les plages de Sidi Salem et de la cité limitrophe, Seybouse, cela n'existe pas dans l'extrême Nord-est du pays. Depuis longtemps, et continuellement polluées par le complexe Asmidal, avec la Seybouse, où tous les déchets toxiques des entreprises sont déversés, ces plages, et le poisson qui y vit, sont, si l'on se réfère aux rapports établis par les Verts, carrément à éviter. Alors que du côté du bidonville de la SAS, c'est la misère ; pas d'AEP, pas d'éclairage public, pas de réseau d'assainissement, pas de travail. Le cadre de vie est catastrophique, tout n'est que pénurie et désolation. Dans ce ghetto vivent, livrés à eux-mêmes, plusieurs centaines de miséreux. Pour s'enquérir de la gravité de la situation, il suffit simplement d'effectuer une virée dans ce quartier, l'un des plus « chauds » de Annaba.