L'Etat, tout comme la société, a un devoir de solidarité envers les Algériens les plus démunis et les plus pauvres, parce qu'ils sont une catégorie de citoyens qui ne bénéficie même pas du dispositif de soutien aux prix des produits de première nécessité faute de ressources. C'est d'ailleurs une situation antérieure à la crise économique internationale qui aurait des conséquences sur les ménages moyens en difficulté avec les fins de mois. La flambée des cours de fruits et légumes illustre à cet égard le tassement du pouvoir d'achat des couches moyennes de la population. Il en va autrement pour les plus pauvres, qui ne peuvent pas accéder à la baguette de pain ou au sachet de lait. Le phénomène est nettement visible dans les centres commerciaux des grandes cités où des concitoyens ramassent à même le sol, dans les marchés, les résidus. Ce sont des scènes poignantes et insoutenables qui désignent d'abord une carence de l'intervention sociale des services spécialisés. Certains citoyens, éprouvés par les difficultés de la vie, préfèrent rester dignes plutôt que de s'adonner à la mendicité. Il n'y a pas seulement des démunis, mais aussi des sans-abri qui subissent les rigueurs des saisons. Il n'est évidemment pas possible d'en détourner les yeux et ce, parce que l'Algérien est foncièrement mû par des vertus de solidarité qui ne sont pas une simple charité. Cela ne peut pas se substituer à une entreprise planifiée de l'Etat et de ses institutions compétentes qui ont les moyens de protéger les Algériens les plus défavorisés. Il y a aujourd'hui, pour eux, des impératifs d'accompagnement en termes d'alimentation et de soins, mais aussi de scolarisation pour des enfants qui pâtissent de la mise en échec social de leurs parents. C'est souvent un problème de communication lié à une résistance sociologique à quémander de l'aide. Nul, en effet, ne choisit d'être pauvre et, dans des cas de plus en plus nombreux, la précarité est le produit d'un changement de statut après une perte d'emploi, un licenciement économique ou un chômage durable. Au demeurant, personne n'est réellement à l'abri de circonstances dramatiques et en l'occurrence, selon cette formule éminemment algérienne, « ne ressent la braise que celui qui a le pied dessus ». Cela va au-delà de la thématique universelle, désormais, du pouvoir d'achat qui pose une question et y apporte en même temps une réponse. La précarité impose d'autres démarches dont celles de la réinsertion sociale, de la reconstruction et de la citoyenneté. Toute stratégie ne peut être productive, dans ce sens, que si elle modifie radicalement le vécu de citoyens ordinairement au bord de la relégation sociale. Pour paraphraser un proverbe chinois, il ne faut pas se contenter d'offrir du pain, encore faut-il placer ceux qui le reçoivent en situation de le gagner au prix de leurs efforts. La solution est dans le travail.