Les gens sont bien contents de trouver un endroit où se soulager !» A noter que les commerçants exerçant dans ce marché fréquentent, eux aussi, ce lieu. «Je travaille dans un fast-food dépourvu de toilettes, nous a révélé un serveur, par conséquent, ces vespasiennes sont les bienvenues.» Quelques latrines de ce genre sont apparues au centre-ville. A la rue Hassiba Ben Bouali, les toilettes Agha (non loin de la gare) attirent un client toutes les deux minutes, de 7 h à 19 h, y compris les week-ends et jours fériés. Ammi Rabah, la cinquantaine, entretient les lieux comme s'il était à la maison. Eau de javel, Sanibon, décapants, désinfectants et autres détergents sont toujours à portée de main. D'ailleurs, lors de notre passage, une agréable odeur de propreté flottait dans l'air. «Je m'échine à maintenir une bonne hygiène afin que le client revienne», confie-t-il. Un rapide coup d'œil à l'intérieur nous apprend, en effet, que ammi Rabah ne badine pas avec le mot «hygiène». Les trois toilettes de cette vespasienne (une pour les femmes, deux pour les hommes) brillent de propreté. Deux lavabos avec savonnettes et serviettes sont mis à la disposition des clients. L'eau est courante. Des petites corbeilles à papier sont posées çà et là. «C'est l'une des toilettes les plus propres d'Alger et par conséquent la plus fréquentée», nous lance un jeune homme, visiblement un habitué des lieux. Les femmes, qui sont de passage, ont elles aussi une totale confiance en cet endroit. L'une d'elle nous confie : «Il était temps de penser à créer des toilettes publiques pour les femmes !» Quant au gérant, sa devise se résume à 3 mots. «Acceuil, hygiène et professionnalisme sont le maître-mot de ce métier» s'écrite-t-il. «C'est un boulot comme les autres. Si on est sérieux, on peut en vivre correctement. Personnellement, je me sens très utile car je sens que je rends service aux gens.» Quant aux pourboires, ammi Rabah reconnaît que les clients sont de plus en plus pingres : «Les femmes sont plus généreuses que les hommes», lance-t-il dans un éclat de rire. Un peu plus loin, toujours la rue Hassiba Ben Bouali, en contrebas des escaliers menant à la rue Ahmed Zabana (ex-rue Hoche), d'autres toilettes publiques existent. Mais ici, l'hygiène laisse à désirer. Une forte odeur d'ammoniaque nous saute au nez. Les portes des WC en contreplaqué sont complètement défoncées. Les latrines publiques du Tunnel des Facultés sont par contre réservéesaux hommes, comme l'indique une pancarte à l'entrée. Les nombreux passantes y transitant au quotidien se demandent pourquoi ces vespasiennes ne sont-elles pas mixtes comme partout ailleurs ?