Trouver des toilettes publiques dignes de ce nom �quivaut � chercher une aiguille dans une botte de foin. Si vous �tes pris d�un besoin urgent et que par miracle vous apercevez (ou sentez) au loin des vespasiennes, assurez-vous d�abord que ce n�est pas vendredi et qu�il n�est pas encore 17h. Car aussi �trange que cela puisse para�tre, aucune latrine publique n�ouvre ses portes les week-ends et les jours f�ri�s ! Dernier conseil : par mesure de s�curit�, pensez � vous munir d�un masque � oxyg�ne. Vous �chapperez � coup s�r � une mort certaine ... par �touffement ! Passage souterrain de la Grande-Poste. Un centre commercial � l�agonie. Seules quelques boutiques sont encore en activit�. Des relents d�ammoniaque nous prennent � la gorge nous donnant envie de vomir. A proximit� des escaliers menant � la Grande-Poste, nous d�couvrons des toilettes publiques. Il y a deux entr�es. Une pour les hommes, l�autre, prot�g�e des regards par un rideau, r�serv�e aux femmes. Ali, le g�rant, vient � notre rencontre et nous invite � visiter les lieux (toilettes femmes). Trois latrines turques, un lavabo et un miroir. Ici pas de savonnette, ni de papier hygi�nique mais du savon liquide vers� dans des bouteilles de r�cup�ration en plastique. Le sol est inond� d�un cloaque pestilentiel laissant �chapper des odeurs f�tides qui nous donnent un haut-le-c�ur. �J�exploite ces latrines lou�es par l�APC d�Alger- Centre depuis 1990�, nous r�v�le Ali. �J�ai souvent � faire � de dr�les d��nergum�nes qui refusent de s�acquitter du ticket de 10 DA. Ils cassent tout sur leur passage. Il m�arrive souvent de retrouver des seringues, des bo�tes vides de psychotropes et des armes blanches laiss�es � l�int�rieur apr�s le passage de certains clients louches�, ajoute-t-il. Derni�re information : les horaires. Rel�che les week-ends et jours f�ri�s. En semaine, les grilles du centre commercial et des toilettes ferment � 18h. Trouver des toilettes publiques fonctionnelles dans la capitale rel�ve de l�exploit. Apr�s avoir longtemps tourn� en rond et battu le pav�, des passants nous orientent vers la rue Didouche-Mourad, � proximit� du tunnel des facult�s. A l�int�rieur, il y a des latrines g�r�es par l�EMCU, �tablissement public d�pendant de la wilaya d�Alger (Mobilier et confort urbain). Deux entr�es y ont �t� am�nag�es. Une pour les hommes (dans le tunnel) et l�autre pour les femmes sur la rue Didouche-Mourad, � deux pas de l�Universit� d�Alger. Nous poussons la porte et l�, une agr�able surprise nous attend. Une odeur d�eau de Javel et de propret� flotte dans l�air. Djamila, gardienne du �temple�, veille au grain, distribuant les tickets aux arrivantes. �Je me pointe ici tous les matins � 7h30. Apr�s avoir nettoyer les 6 latrines � fond, j�ouvre les portes � 9h confie-t-elle. Il y a beaucoup de monde surtout durant la pause d�jeuner, entre 12h et 14h�, ajoute-telle. Dans le hall d�entr�e, une horloge, un porte-manteau, une poubelle, un lavabo, un miroir, des savonnettes et une serviette dont on ne peut deviner la couleur tellement elle est sale. Les toilettes (cinq turques et une anglaise) sont �quip�es de chasse-d�eau. �Ici l�eau ne manque jamais gr�ce � l�installation de citernes�, pr�cise Djamila, pas de papier hygi�nique dans les WC mais un rouleau est pos� sur le comptoir. Le papier est distribu� avec parcimonie � la demande des clientes par la gardienne des lieux. Le ticket co�te 20 DA. Une ristourne de 5 DA est consentie pour les �tudiantes qui sont tr�s nombreuses � s�y rendre. Explication d�un groupe d��tudiantes en traduction interpr�tariat rencontr�es sur place. �Les WC de la fac sont impraticables. Et pour couronner le tout, il y a des coupures d�eau�, se plaignent ces jeunes filles. �Heureusement que ces toilettes publiques ont ouvert � c�t� de notre universit�. � Poursuivant le dialogue avec nous, elles poussent un coup de gueule concernant le prix du ticket. �Quinze dinars l�entr�e, c�est un peu exag�r� surtout qu�il nous arrive de venir trois fois par jour. Notre bourse d��tudiante en p�tit terriblement !� Bonus pour les femmes enceintes et les diab�tiques autoris�es � vider leur vessie � l��il. Quant � Djamila, elle nous raconte avoir d�couvert � plusieurs reprises des sacs vol�s � l�int�rieur des WC. �Des �tudiantes se font fr�quemment subtiliser leur sac dans lequel il ne reste plus grand-chose par la suite.� Certes, l�hygi�ne est irr�prochable et pourtant il y a un couac. Au-del� de 17h, elles ferment leurs portes. Pis, ces toilettes publiques ferment le vendredi. Cap sur le centre commercial de la rue Varnier. A l�int�rieur, deux petites latrines y sont am�nag�es (10 DA). �C�est surtout pour les commer�ants install�s ici et leurs clients�, nous indique Noureddine, le g�rant. Un f�t en plastique rempli d�eau est pos� pr�s du lavabo. �Les coupures d�eau sont fr�quentes regrette-t-il. �Je suis donc oblig� d�avoir des r�serves d�eau.� Renseignement pris, ces toilettes ferment aussi les vendredis et les jours f�ri�s. Par ailleurs, certains march�s se sont dot� de toilettes publiques. Toutefois, l�hygi�ne laisse vraiment � d�sirer. Il n�y qu�� faire un tour du c�t� des latrines du march� R�dha- Houhou (c�t� boutiques d�habillement) pour s�en convaincre. Des odeurs pestilentielles s�en d�gagent au point d�incommoder les passants. A l�heure o� l�on parle de promotion du tourisme, il serait urgent de r�habiliter ces espaces indispensables � une capitale digne de ce nom.