A la veille de l'élection présidentielle, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) espère attirer l'attention des pouvoirs publics sur les problèmes socioprofessionnels des médecins. La grève illimitée entamée hier serait, disent les syndicalistes du SNPSP, « un ultime appel au secours ». La réponse du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne s'est pas fait attendre : en déposant une plainte à la chambre administrative près la cour d'Alger, le département de Saïd Barkat a réussi à faire interdire la grève par la justice. Les responsables du syndicat, qui s'attendaient à recevoir une telle décision, disent ne pas vouloir céder à ce qu'ils appellent « des actes d'intimidation ». « Au nom de quoi notre grève serait-elle illégale ? Nous n'avons enfreint aucune loi. C'est, de surcroît, un jugement par contumace comme si nous étions des terroristes », affirme le représentant du SNPSP, le docteur Bensbaini. Dans la mesure, estiment-ils, où « la justice est manipulée », ils comptent « poursuivre le mouvement de protestation jusqu'au bout ». L'action de protestation des praticiens de la santé a donné lieu à une véritable guerre des chiffres. Au moment où les représentants du SNPSP affirmaient que le taux de suivi de leur action de protestation était « convenable » et qu'il atteindrait, selon leurs calculs, les 78%, le département de la santé réduisait la part des protestataires à une moyenne d'à peine 4,49%. Interrogé sur l'écart entre les chiffres, le docteur Bensbaini affirme d'un ton badin : « 4% c'est bien par rapport au dernier calcul du ministère alors que cette grève est moins bien suivie. Il n'y a là aucune logique. De ce fait, les ponctions sur les salaires devront toucher uniquement les 4% désignés par le ministère... » Incongruité de la situation actuelle Les médecins, sur le terrain, estiment que le suivi de la grève a été mitigé. « Les médecins n'étaient pas aussi mobilisés que lors des dernières protestations. Le suivi dépend des services », indique un médecin contacté par téléphone. Le représentant du SNPSP s'attend à ce que l'engouement des praticiens soit plus important au deuxième jour de la protestation. Il dit avoir été « surpris de voir que le mouvement a été bien suivi, d'autant qu'il s'agit d'une grève ouverte », estimant que « la conjoncture se prête à des actions musclées ». « Tous nos espoirs sont portés sur la période électorale. Au-delà de cette conjoncture, nous serons enterrés vivants », dit-il sans ambages. Les wilayas où la grève des blouses blanches a été particulièrement bien suivie, selon le syndicat, sont Annaba, Skikda, Alger, Blida et Tlemcen. La revendication principale du SNPSP est la reconnaissance de leur syndicat comme partenaire social à part entière. Les syndicalistes du SNPSP s'étonnent que les statuts particuliers n'aient pas encore été promulgués. Ils mettent en exergue l'incongruité de la situation actuelle : les primes et les indemnités sont ainsi calculées sur la base de l'ancien salaire de base. Les praticiens de la santé publique réclament l'ouverture de négociations sur le régime indemnitaire. Le SNPSP estime que les pouvoirs publics n'ont pas honoré leurs engagements dans la mesure où « ils disent que le point indiciaire a été relevé alors qu'en réalité, les indemnités ont été diminuées ». L'augmentation des salaires n'est « que de la poudre aux yeux ». Les responsables du SNPSP s'étonnent du fait que la décision de justice qui ordonne l'arrêt de la grève ait été donnée le 23 février, soit la veille de l'action de protestation. « Cela veut dire que la cour a jugé une intention. Cela est très grave », estime le docteur Bensbaini. Les syndicalistes autonomes disent être habitués aujourd'hui à « ce genre de pratiques ».