Pas de vaccins, hier, pour les enfants accompagnés de leurs parents qui se sont rendus au secteur sanitaire de Sidi M'hamed : les praticiens de la santé ont poursuivi, hier, leur mouvement de protestation et persisteront, ont-ils dit, jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Même si le mouvement a été diversement suivi et malgré les pressions, les représentants du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) semblent nourrir l'espoir d'une ouverture de dialogue avec les pouvoirs publics en vue de l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Contrairement aux mouvements de protestation enclenchés par la corporation des médecins tout au long de l'année 2008, l'engouement ne semble pas avoir gagné les blouses blanches. Au centre Molière, près de la Place du 1er Mai, l'ambiance était laborieuse. La raison du manque d'enthousiasme pour la grève tient, apparemment, à un problème d'organisation. « Aucun membre du syndicat n'est passé pour nous tenir au courant de cette grève. Il n'est pas sérieux, à mon avis, de suivre le mouvement après avoir lu un communiqué dans la presse. Il n'y a pas de dialogue au sein même du syndicat », nous dit un médecin du centre, estimant que dans la mesure où il s'agit d'une « grève illimitée », il y a lieu de rester « prudent ». « C'est une grande responsabilité. C'est un acte qui pourrait être lourd de conséquences », considère un médecin. Même si les praticiens exerçant dans ce centre n'ont pas suivi le mot d'ordre du SNPSP, ils disent soutenir l'action de leurs collègues grévistes. « Les pouvoirs publics déclarent que la grève n'est pas conforme mais les revendications, elles, sont légales », affirment-ils. Des raisons financières motivent également le manque de suivi de la grève. Ayant subi des ponctions sur salaire lors des dernières actions de protestation, certains médecins craignent des mesures similaires dans cette grève dite « illimitée ». Le revenu moyen d'un praticien généraliste serait, nous dit-on, de l'ordre de 40 000 DA pour un régime de travail de six heures par jour. Le taux de suivi de la grève semble, ainsi, toujours aussi mitigé. Le président du Syndicat des praticiens avance un chiffre de 78%. Mardi, le ministère de la Santé réduisait ce taux à 4,49%. Dans une intervention médiatique, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, a déclaré en substance que « la date du 24 février pour entamer le mouvement de grève était mal choisie et que le syndicat versait dans la politique ». Et au président du SNPSP de répondre : « Le ministre se prononce sur notre syndicat alors qu'il ne nous connaît pas. Il n'a jamais voulu nous recevoir, contrairement à d'autres syndicats de la santé. Il a diabolisé notre organisation. » Pour ce qui est de la promesse d'une revalorisation des salaires faite par le président de la République, le représentant du SNPSP considère que la corporation n'est pas concernée dans la mesure où seule l'UGTA est considérée comme un partenaire social. « De toute manière, il faudra attendre la réélection de Bouteflika pour que cette augmentation voie le jour », a-t-il ajouté. Quant à la poursuite judiciaire ayant abouti à l'ordre de l'arrêt de la grève, le docteur Bensbaïni affirme, l'air dépité : « Nous avons les moyens de prouver que notre grève n'est pas illégale. Ils ne nous ont même pas donné les moyens de nous défendre. Franchement, nous n'y comprenons plus rien. » La revendication principale du SNPSP réside dans la reconnaissance de leur syndicat en tant que partenaire social à part entière. Les syndicalistes du SNPSP s'étonnent que les statuts particuliers n'aient pas encore été promulgués. Ils mettent en exergue l'incongruité de la situation actuelle : les primes et les indemnités sont ainsi calculées sur la base de l'ancien salaire de base. Les praticiens de la santé publique réclament l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire. Le SNPSP estime que les pouvoirs publics n'ont pas honoré leurs engagements dans la mesure où « ils disent que le point indiciaire a été relevé alors qu'en réalité, les indemnités ont été diminuées ». La dernière augmentation des salaires n'est, de l'avis du SNPSP, que de la poudre aux yeux. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) a apporté son soutien à ce mouvement de grève et se dit « convaincu de la légitimité et de la justesse de l'action entreprise par le SNPSP ».