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Le retour de l'économie du développement ?
Publié dans El Watan le 27 - 04 - 2005

Le néolibéralisme, avec sa religion du marché, de l'équilibre et de la libre concurrence, a rendu ces questions obsolètes pendant plusieurs décennies.
La disparition de ce questionnement s'explique par la fantastique évolution que le monde a connue depuis quarante années et les bouleversements des rapports de force et des façons de penser que cela a induit, sans compter les difficultés mêmes rencontrées par les pays du Tiers-Monde.
Une économie subversive
L'économie du développement naît d'un double défi : reconstruire les économies dévastées de l'après-guerre et assurer le développement, le «rattrapage» disait-on alors, des pays du Tiers-Monde dont certains accédaient tout juste à l'indépendance. Beaucoup de ses pionniers développèrent leurs activités dans le cadre des Nations unies ou y collaborèrent et se recrutèrent principalement en Europe et dans le Tiers-Monde et donnèrent naissance à des écoles de pensées «buissonnantes» qui se retrouvèrent néanmoins toutes sur un corpus d'analyses partagées. Que disaient-elles pour l'essentiel ?
Tout d'abord que le sous-développement n'est pas le reflet d'un retard – un rattrapage accéléré permettrait de le résorber -, mais bien plutôt la conséquence et la résultante d'une longue période de domination multiforme, souvent coloniale, qui a réalisé l'intégration de ces pays dans l'économie mondiale à travers des mécanismes structurels déformants, toujours au profit des métropoles ou des centres dominants. La dynamique d'accumulation de ces pays du Sud a été façonnée pour servir les besoins erratiques des pays du Nord au détriment de la satisfaction de leurs propres besoins internes. Bref, c'est dans l'histoire singulière de ces pays, notamment dans leurs rapports au reste du monde, qu'il faut orienter l'analyse des causes du sous-développement. Ensuite, partant des nécessités de la construction d'une économie nationale, ces économistes vont préconiser des réformes indispensables -récupérer les richesses nationales, nationaliser les entreprises industrielles, contrôler le secteur bancaire, la monnaie et le secteur extérieur – pour mettre en place les conditions d'une maîtrise du développement. L'Etat, souvent à construire, sera au cœur de ces projets et, sous diverses modalités, le développement ne pourra être pensé que planifié.
Autre constat partagé : le développement nécessitait pour les pays les plus pauvres un environnement international favorable ; bref, en plus de choix internes, des conditions externes étaient indispensables. Il s'agissait d'accompagner alors des conditions nationales de développement de pays qui se considéraient à juste titre dans un rapport d'inégalité économique vis-à-vis des pays industrialisés.
L'analyse défrichait la nature de l'articulation du national au mondial. Elle allait déboucher sur la formulation de la revendication d'un Nouvel Ordre économique international (NOEI) qui, poussée par le Groupe des 77 (les non-alignés), sera reconnue et ratifiée par les Nations unies en 1974. Cet ensemble conceptuel va bien vite définir un consensus autour de points de passages obligés du développement. Il sera porté par des forces favorables au changement social et à la libération nationale et apparaîtra d'emblée comme subversif pour l'ordre dominant établi et pour les théories économiques qui le confortaient.
A cela s'ajoutait la revendication d'un droit du développement qui se proposait de mettre en œuvre un principe d'inégalité compensatrice partant du constat que l'égalité de traitement, au cœur du droit international classique, est équitable seulement entre égaux et se montre inappropriée aux rapports Nord-Sud.
La chape néolibérale
Ces stratégies de développement et les thèses fondatrices qui les accompagnaient ont volé en éclats dès la fin des années 1970 sous les effets de l'endettement massif imposé au Tiers-Monde qui générera la crise de la dette, c'est-à-dire l'impossibilité de son remboursement. Car un emprunt international est toujours libellé dans la devise dans lequel il doit être remboursé. Il faut donc produire des biens échangeables sur le marché mondial pour se procurer ces devises. Toute production de biens visant à satisfaire les populations locales, notamment dans la santé, l'éducation ou le logement, ne peut générer aucune ressource en devises.
Cette course effrénée vers les devises exacerbera la concurrence entre pays du Tiers-Monde, dont l'éventail des produits exportables est souvent superposable, et surtout les détournera d'un commerce Sud-Sud à même de leur donner une autonomie collective plus grande. Des acteurs de taille mondiale, les firmes multinationales et les marchés financiers, s'affirmeront, obligeant à composer avec eux. L'attractivité, c'est-à-dire la concurrence par le bas sur les conditions de travail, les salaires, la fiscalité, la pollution, s'imposera. Partout le désengagement de l'Etat, l'ouverture aux échanges mondiaux, le respect des règles du marché et de la libre concurrence seront préconisés. Les plans d'ajustement structurel imposés par le FMI pour «aider» ces pays à rembourser leurs dettes vont se substituer aux projets de développement et devenir la nouvelle religion, sans souci de la montée de la pauvreté touchant en premier chef les populations les plus fragiles comme les femmes et les enfants.
Dans le même temps, la notion de Tiers-Monde a été fortement bousculée. L'ensemble a éclaté en de nombreuses catégories traduisant l'accroissement des inégalités et des trajectoires divergentes. Souvent les riches, les élites et les gouvernements du Sud se sont tellement intégrés à l'économie mondiale qu'ils participent eux-mêmes au processus de fabrication de la fracture sociale mondiale. Enfin, la disparition de l'équilibre entre les deux blocs a enlevé beaucoup de pertinence au non-alignement. Et lorsque se reconstituent des blocs de pays – comme le G24 – dans des négociations internationales, l'ambition d'être reconnues comme puissances façonnantes du monde peut l'emporter sur la perspective d'assurer la défense des intérêts de l'ensemble des pays du Sud.
Malgré l'aide internationale prodiguée, l'échec des remèdes préconisés à ces pays pour les sortir du sous-développement ne fait plus de doute. Tous les modèles vantés par le Nord ont échoué. La variante social-démocrate d'inspiration keynésienne qui a accompagné les Trente Glorieuses s'est épuisée. Le néolibéralisme, qui s'est accommodé du primat de la finance sur la production, a détruit les systèmes productifs et aggravé la pauvreté. La violence et la guerre ont gagné de nombreux pays. Les institutions internationales ne jurent plus que par la lutte contre la pauvreté et la gouvernance – bonne ou mondiale -, gadget censé retirer les derniers pouvoirs d'Etat dont disposent encore les gouvernements des pays du Tiers-Monde.
Un renouveau de la réflexion
L'épuisement des divers modèles de développement ouvre la voie à un renouvellement de la réflexion indispensable pour sortir du carcan intellectuel du consensus de Washington. Ce chantier s'ouvre dans des conditions difficiles, très différentes de celles qui prévalaient il y a trente ans. S'il est nécessaire de renouer avec les grands principes fondateurs de l'économie du développement, il n'est pas raisonnable de penser qu'une parenthèse s'est simplement refermée – celle d'un néolibéralisme dominant – et qu'il suffirait de reprendre le cours des choses comme avant.
Des dimensions nouvelles sont apparues comme la montée en force de grands acteurs de la mondialisation et les contraintes qu'ils imposent ou l'émergence de la dimension environnementale et sa compatibilité avec un développement qui satisfasse le plus grand nombre. La réflexion est foisonnante et dynamique mais reste encore en deçà des résultats atteints, il y a une trentaine d'années, qu'elle semble parfois ignorer. La contestation de la mondialisation et les tentatives de formulation d'alternatives restent souvent bien en retrait par rapport aux analyses du mouvement des non-alignés des années 1970, de sa formulation et revendication d'un Nouvel Ordre économique international et des stratégies de développement qui en découlaient. Sans doute le niveau de l'approche, le monde, interdit-il d'apprécier la richesse conceptuelle du NOEI qui partait des exigences nationales de développement pour en déduire les conditions extérieures favorables qui devaient l'accompagner. Faire l'impasse sur le cadre national interdit de penser la nature des contraintes et d'articuler l'interne et l'externe. De même, les échecs du développement ont induit des formes de rejet de celui-ci en l'assimilant à la croissance. Ces théories de la décroissance, sous un radicalisme de façade, préconisent pour le Tiers-Monde une défense de l'ordre social existant au nom d'un relativisme culturel en mobilisant au besoin une exigence écologique souvent simpliste.
L'écroulement de modèles de références peut ainsi, au sein d'une démarche de recherche d'alternatives, donner naissance à des formulations fortement régressives. Mais la vague libérale n'a pas échoué que dans le Tiers-Monde. Le quart monde a gagné les pays du centre de l'économie mondiale y fixant des traits rencontrés dans les pays du Sud : chômage massif, précarité, pauvreté, travail informel, réduction des fonctions étatiques, etc. La problématique du développement construite pour l'analyse des sociétés du Sud a gagné une portée universelle. Elle devient aujourd'hui utile à l'étude et à la compréhension des pays du Nord également dont les différents modèles de développement ont échoué.
L'économie du développement ne concerne plus aujourd'hui seulement les pays du Sud. Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales : [email protected]
web: http://www.Espaces-Marx.org/Recherinter


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