Le Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight (CNPLET), organisme sous tutelle de l'éducation nationale, vient de diffuser son premier bulletin d'information. Le CNPLET, indique-t-on, a été créé le 2 décembre 2003. Comme le souligne le décret annonçant sa création, le centre a pour mission principale de penser la politique pédagogique d'enseignement de la langue amazighe dans les établissements scolaires, d'élaborer des programmes à cet effet et d'initier des recherches linguistiques sur tamazight. Sous le titre « Timsalt n'tamazight », le bulletin, présenté comme la « carte de visite » de ce centre de recherches, est conçu « pour recueillir les débats scientifiques et culturels sur les questions relatives à tamazight et les langues en Algérie », écrit dans l'éditorial, le professeur Abderrezak Dourari, directeur du CNPLET. Et d'ajouter : « Dépourvue d'une institution spécialisée chargée de l'étude et de la gestion du plurilinguisme, la société algérienne consacre l'éclatement institutionnel du champ linguistique dans le pays (académie de la langue arabe, Conseil supérieur de la langue arabe, Haut-Commissariat à l'amazighité, CNPLET…) et ses élites n'ont pas de support médiatique à caractère scientifique capable de véhiculer et de rendre visible leur vision des choses à l'exception de la presse privée – média peu commode ». « On l'aura compris : c'est donc pour combler un vide criant que ce bulletin a été lancé. Au menu, le compte rendu de diverses réunions techniques, séminaires et colloques. On retiendra particulièrement la synthèse d'une étude consacrée au " profil des enseignants de tamazight dans les wilayas de Béjaïa, Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou. » « Lorsqu'on évoque la question de l'enseignement de tamazight du point de vue quantitatif, on remarque que le nombre d'apprenants et d'enseignants n'a pas connu une grande évolution. On parle même de régression dans certaines régions quand il ne s'agit pas carrément d'absence totale dans d'autres (…) Il faut souligner que dans certaines d'entre elles, l'intérêt suscité à l'égard de cet enseignement au début a diminué et après un temps assez court, il s'est éteint entièrement. C'est le cas des wilayas d'El Bayadh, de Ghardaïa, d'Oum El Bouaghi, d'Illizi, de Tipaza et d'Oran », indique cette étude. Selon des statistiques citées dans le même document et émanant du ministère de l'Education nationale, l'on apprend qu'en termes d'encadrement, la wilaya de Tizi Ouzou dispose de 238 enseignants, Béjaïa de 152 profs en tamazight, Bouira de 107 contre seulement 11 pour la wilaya de Boumerdès. Pour ce qui est de la nature des supports pédagogiques utilisés, il ressort de cette étude que la majorité des enseignants n'a pour tout manuel que « Tajerrumt n'tmazight » (grammaire tamazight) de Mouloud Mammeri et « Tira n'tmazight » (manuel d'orthographe) de Ramdane Achab. Il faut toutefois préciser, d'après la même étude, que les enseignants disposent depuis 2003, et pour la première fois, d'un manuel officiel d'enseignement de tamazight.