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Si on laisse une vraie dialectique s'instaurer entre les forces politiques du pays, on a des chances d'avancer
Wassyla Tamzali. Ecrivaine et militante féministe
Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2018

L'actualité d'aujourd'hui est que la Tunisie a fait cette incroyable chose d'accepter en réunion du Conseil des ministres le projet de loi sur l'égalité de l'héritage. Cela ne veut pas dire que la loi est passée, mais que les politiques engagées dans la gestion du pays ont accepté cette loi. Ce qui est énorme !
En ce qui concerne l'Algérie, à travers le collectif Maghreb Egalité, dont j'ai été une des co-fondatrices et une des directrices, la question a été posée il y a dix ans. Tout un travail a été fait en Algérie, comme il a été fait au Maroc et en Tunisie. Cependant, en Algérie, le débat n'est pas devenu un débat politique.
La question est restée un débat plus ou moins confidentiel entre les féministes et leurs partenaires, mais n'a jamais été posée politiquement. Maintenant, la question qu'il faut se poser est la suivante : pourquoi la Tunisie est-elle arrivée à ce résultat et pourquoi nous, nous n'y arrivons pas ? Deux choses ont permis aux Tunisiens d'avancer.
D'abord, c'est que la Tunisie a eu la grande chance d'avoir un leader politique qui s'appelait Bourguiba, qui en 1956, donc il y a plus d'un demi-siècle, a inscrit dans la loi tunisienne le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes et avait amendé la loi sur l'héritage. Cette loi déjà modifiée arrivait vers l'égalité mais ne l'était pas.
Par exemple, lorsqu'il n'y a que des filles pour hériter, les cousins germains et les oncles ne prennent pas d'héritage. Seules les filles héritent de leur père. Cette étape est déjà extrêmement importante parce qu'en Algérie, la fille hérite la moitié de la part du garçon, mais ce qui est encore plus immoral, c'est que quand les femmes n'ont pas de frère, c'est l'oncle et le cousin qui viennent hériter de la plus grande partie.
C'est une question d'immoralité et d'éthique ! Ensuite, la deuxième raison pour laquelle nos voisins avancent et pas nous, c'est que la société civile tunisienne est mobilisée et organisée. Le bouleversement politique qu'il y a eu le 14 janvier 2011 a fait que le pays est passé d'un régime autoritaire avec la gouvernance d'un parti unique au système de pluripartisme et d'alternance politique.
C'est comme ça que les islamistes ont dirigé le pays pendant une première période et qu'ensuite les démocrates ont pris le pouvoir. C'est une transition très importante aussi. Parce que cette alternance politique inscrit dans le pays une dialectique qui fait que les questions peuvent êtres posées publiquement et qu'elles sont gérées par les forces réelles du pays.
Quand les islamistes avaient pris le pouvoir en Tunisie, ils étaient majoritaires. Mais dès qu'ils ont essayé de transformer la loi sur l'égalité des hommes et des femmes en supprimant le mot égalité pour le remplacer par le mot complémentarité, le pays a répondu dialectiquement si bien que les islamistes se sont retirés du pouvoir. La conclusion à laquelle on arrive, c'est que si on laisse une vraie dialectique s'instaurer entre les forces politiques du pays, on a des chances d'avancer.
Et quand on avance dans ces conditions là, on avance sérieusement. Quand, en 1905, le président turc Atatürk décide d'abolir la charia et de la remplacer par la loi suisse, on a vu cinquante ans après les islamistes revenir au pouvoir et remettre en question les problèmes de la laïcité. Parce que quand les décisions sont octroyées au peuple par un pouvoir qui décide d'en haut, il n'y a pas de dialectiques et ces dernières ne sont pas biens reçues.
C'est extrêmement important de mettre en place à l'intérieur d'un pays les conditions nécessaires à un dialogue entre les différentes parties. En Algérie, nous avons des positions très radicales sur les questions concernant les hommes et les femmes, les libertés, la sexualité, la vie en société…
Nous avons des gens qui ont une vision du monde, et d'autres qui ont une tout autre vision. Mais nous devons construire notre pays ensemble, parler ensemble. Ce sont les conditions de pouvoir parler ensemble qu'il faut rechercher ! Pour moi, l'héritage est une question emblématique de cette vision du monde parce qu'elle concerne aussi les conditions économiques.
Quand un père décède et qu'il laisse un héritage, les filles sont chassées de la maison, les mères aussi. Et même s'il y a des lois pour protéger les femmes, elles ne sont pas appliquées. Parce qu'il y a une loi plus forte que les lois, c'est la conviction que les femmes ne doivent pas hériter.
Que les femmes sont les demi-portions, des demi-personnes, une conviction qui est vraiment ancrée dans les pratiques sociales de notre pays, davantage que dans la religion qui ne fait que la légitimer et de légitimer que la femme n'a pas le droit d'être à part entière dans la filiation de son père comme son frère.
J'adresse une question aux islamistes : pour quelle raison les femmes ne sont pas à part entière dans la filiation de leur père ? De quel droit les hommes le sont-ils ? Est-ce qu'on peut me répondre ? Si on me dit que le frère s'occupe de sa sœur, je dis que c'est faux.
C'est un grand mensonge ! Les frères ne s'occupent plus de leurs sœurs, ils ne s'occupent que de leur femme et de leurs enfants. Ils sont devenus comme l'homme moderne, égoïste et qui ne connaît que sa famille restreinte. Alors qu'on m'explique pourquoi, nous les femmes, nous ne sommes pas reconnues comme des personnes qui peuvent prétendre appartenir à la filiation de leur père ?


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