Mutapha et Hakim Amokrane sortent un disque ensemble Mouss et Hakim, ou le contraire (Atmosphériques), au son pas très loin de… Zebda. Il est difficile de faire autre chose que ce que l'on sait faire. Les frères Amokrane ont voulu s'éloigner de l'univers de Zebda, leur ancien groupe, ils ne sont pas partis bien loin. Et tant mieux, car c'est un peu différent mais proche. La touche Zebda est toujours là, détectable à la première note. L'album est à la fois festif et engagé, tout comme Zebda. Il est difficile d'éviter la référence. «Zebda nous a permis de trouver un son, une identité musicale. Donc, on s'est pas dit : Il faut faire autre chose que Zebda.” Mais il y a un plus, la palette sonore est plus large, on explore d'autres univers. A partir du moment où on a décidé de faire un break avec Zebda, ça nous semblait naturel de faire un disque ensemble. ça ne nous est même pas venu à l'esprit de faire un truc solo», explique Mouss. Martel et Matthieu Chedid, alias M. ont sorti leur guitare le temps d'une participation à l'album. Les frères Amokrane, qui ont participé aux albums d'autres artistes, dont Brigitte Fontaine, cheb Mami et Tiken Jah Fakoly, ont opté pour une musique plus rock. Cela donne un album très énergique, très «péchu». Au jeu des paris, il est difficile de savoir qui de Alif, ba, tsa ou de Rodéo squattera les antennes de télévision et de radio. Un carton annoncé. La musique festive ne se repose pas sur des textes niais, de variétoche. Au contraire. Magyd Cherfi, autre ex-Zebda Marc Estève et Claude Nougaro, qui avant son décès, leur a écrit Bottes de banlieue, ont résolument propulsé les deux frères dans le cercle très fermé d'artistes à la fois engagés et talentueux, successeurs de Léo Ferré et de Renaud. Avec un son plus proche de Mano Negra que de l'accordéon. Ou les deux mélangés. Et c'est ce qui fait leur force, ce métissage revendiqué. Le texte de Claude Nougaro est l'emblème de cet album. «Il y a quelques années, on s'est croisé à Paris et il nous a dit : J'ai écrit un texte en pensant à vous.” Il l'avait écrit au moment des émeutes dans le quartier du Mirail à Toulouse. C'est lui qui nous fait parler de Toulouse : on peut pas rêver mieux. Cette chanson, c'est un peu l'hymne de l'album.» Les enfants de Toulouse se veulent ouverts à toutes les influences. «On est des enfants d'immigrés, donc, par éducation, on n'a pas envie de se cantonner à un seul endroit, un seul type de musique ou de gens.» Cet été sera festif et engagé. Une façon de danser moins idiot. Aux disquaires, citoyens !