Il n'y aura donc pas cette année de... séisme électoral. On n'en espérait pas tant, mais enfin... Et pour cause, Loth Bonatiro, chercheur et sismologue bien connu, inventeur de surcroît de l'horloge spécifique universelle, ne sera pas de la compétition. Dommage, il promettait de secouer, à sa manière, le monde politique, une ambition un peu trop naïve peut-être qu'il a dû vite ravaler. C'est qu'on n'entre pas comme ça dans l'arène, surtout si on a l'honnêteté de déclarer au départ n'appartenir à aucune chapelle et être libre comme le vent. Combien sont-ils ceux et celles qui peuvent de nos jours affirmer une telle indépendance d'esprit ? Sauf que dans le système politique algérien, au lieu d'être un atout, une telle liberté devient un sérieux handicap. Bonatiro qui s'est présenté avec une carte de visite assez singulière, particulièrement impressionnante, symbolise sans aucun doute le spécimen d'homme politique atypique avec lequel ne peut s'accommoder le sérail. Le rejet de sa candidature par le Conseil constitutionnel, sûrement pour insuffisance de signatures, confirme que dans notre pays il n'y a pas d'exception à la règle, autrement dit un président de la République n'a, dans les conditions actuelles, aucune chance d'émerger tout seul de la société civile. Il faut toujours un parrainage... et c'est ce qu'ont dû comprendre tous les postulants malheureux écartés de la course qui, comme Bonatiro, se sont rendus à l'évidence que l'élection présidentielle est une chose trop sérieuse pour être laissée à n'importe quel idéaliste qui cherche avant tout à remettre en cause la doctrine en vigueur. En somme, ce n'est pas demain la veille qu'on aura un... Obama devenu président des Etats-Unis alors que personne n'entendait parler de lui avant qu'il n'entre en campagne. C'est le miracle américain qui a placé au sommet de l'Etat un homme jeune, compétent et de couleur. L'intronisation de Barack Obama signifie par-dessus tout que chaque citoyen américain qui a les capacités de prendre en charge les affaires du pays a une chance réelle d'être élu, si ses concitoyens veulent de lui. Il n'y a ni cooptage ni compromission, mais seulement une compétition politique transparente qui consacre les plus résolus. Tout dernièrement, Nicolas Sarkozy sur un plateau de télévision laissait apparaître ses appréhensions à se présenter à un deuxième mandat. A une question d'un journaliste de savoir s'il y aura après lui des candidats de taille, le président français répondit qu'il y a partout dans toute la France une élite prête à prendre la relève. En d'autres termes, une élection présidentielle dans les pays avancés n'est plus de nos jours une sorte de chasse gardée qu'il faut formater en fonction des parcours des uns et des autres. Bien sûr on est en Algérie et on sait comment se fait pratiquement une élection. Cependant, ce qui reste incompréhensible, c'est cette propension à vouloir éliminer systématiquement du jeu les compétences avérées sous prétexte que les personnalités qui les portent ne sont pas en odeur de sainteté avec le système. A croire qu'on a peur sérieusement des esprits qui ont les capacités intellectuelles à éveiller les consciences sur, précisément, les nombreuses carences de ce même système et qui risquent par conséquent de faire basculer tout un travail de caporalisation de la société bâti minutieusement pendant des lustres. Aujourd'hui, par exemple, un Moussa Touati, un Fawzi Rebaïne ou un Mohamed Saïd ont eu toutes les facilités à réunir les fameuses signatures pour entrer dans le jeu, alors que précédemment des hommes comme Sid Ahmed Ghozali ou Rédha Malek ne purent curieusement pas le faire. Peut-on dire que ces deux dernières personnalités politiques, pour ne citer que celles-ci, manquaient à ce point d'ancrage dans la société ? Difficile de le penser, d'autant qu'à l'époque les deux ex-chefs de gouvernement avaient dénoncé tous les mécanismes insidieux pour leur barrer le chemin. Au final, on a l'impression que la structure électorale a encore davantage nivelé par le bas les rouages de sélection pour ne filtrer que les bons élèves ou les clients gérables. En tout état de cause, Bouteflika est, en ce qui le concerne, loin au-dessus de la mêlée. Il a devant lui des adversaires qui ne peuvent lui causer le moindre souci sur sa réélection. On suppose que Soraya Bouamama recevra un invité complètement serein et tellement confiant en son entreprise. Pour peu qu'il accepte de troquer son habit de Président contre celui de simple citoyen qu'il est redevenu à la fin de son mandat et bien entendu nouveau candidat à la présidence de la République. Une émission bien spéciale pour une aventure sans suspense.