La méga cité de Bekira, qui se trouve à la sortie nord-est de la ville de Constantine et dépendant de la commune d'El Hamma, est l'une des plus récentes grandes cités construites durant les vingt dernières années. Une agglomération qui a connu une formidable expansion durant le « boum » immobilier qui a marqué ces cinq dernières années. Mais sous ses aspects charmeurs, cette cité qui abrite un bon nombre de bâtiments et de lotissements ainsi que des résidences particulières offre bien de mauvaises surprises aux visiteurs. L'émerveillement et la bonne impression qu'elle offre de loin cèdent très vite la place au désenchantement lorsque l'on se promène dans ses ruelles. En effet, la voirie qui se trouve dans un état lamentable n'a été retouchée qu'à quelques endroits (grandes routes), alors que l'accès à certains lots d'immeubles est extrêmement difficile et la situation est encore plus délicate au niveau de la partie haute de la cité (coté résidences) où certains habitants ont dû s'arranger pour retaper quelques parcelles de routes et les voies d'accès à leurs habitations. La cité Bekira est traversée par une voie ferrée qui la partage ainsi en deux parties, la partie basse où se trouvent les différents bâtiments, CNEP et autres, et la partie haute située en amont de la ligne ferroviaire où ont pullulé depuis un bon moment différentes demeures. Un lieu où l'anarchie a été érigée en mode de construction et d'aménagement urbanistique. Certains s'amusent à délimiter leur résidence avec des objets des plus curieux en guise de clôtures : bois, pièces d'arbres meurtris... D'autres font et défont leur maison selon leur humeur, en faisant fi des règles de construction. Quelques habitants de la région nous avoueront leur amertume quant à la situation qui y prévaut. « Il n'y a pas que les constructions qui son anarchiques, même le plan général ne semble obéir à aucune norme urbanistique. L'improvisation et le bricolage ont été le lot auquel on a eu droit. Sincèrement, il ne fait pas bon vivre ici. » Le relief de cette partie étant délicat, les escaliers érigés à certains endroits en hâte et avec maladresse peuvent créer plus de danger qu'ils ne peuvent faire de bien, car constitués de marches irrégulières et aux dimensions disproportionnées. Pourtant, tout n'est pas noir à Bekira, et si beaucoup de choses y ont été réalisées, ces dernières années, les insuffisances sont encore nettes et se font sentir. Le gaz y a été introduit il y a plus d'une année, alors que les plus vieux locataires de la cité y habitent depuis plus de dix ans. L'alimentation en eau potable peut être considérée comme correcte même si elle est insuffisante, ce qui constitue en soi une véritable révolution au niveau de cette région de la wilaya de Constantine. Un détail cependant vient à chaque fois rappeler aux habitants de la cité leur rang de population défavorisée, et ce, à travers les coupures fréquentes d'électricité qui agacent le plus souvent les habitants de ladite cité car survenant lors de changements climatiques (orages, vents...). La région est très sensible aussi au phénomène de surtension. Par ailleurs, la cité connaît un réel problème de manque d'éclairage public au niveau des grandes voies et par certains endroits délicats. Le réseau d'assainissement n'a pas été en reste, puisque les locataires ont été confrontés dernièrement au problème de cross-connexion. Enfin, il est à signaler que le transport fait cruellement défaut à Bekira, surtout durant les jours fériés et les week-ends. La démission des transporteurs est quasi-totale et ce sont les fraudeurs qui se chargent de la besogne au grand dam des habitants de cette cité. Les lieux des distractions étant rares pour ne pas dire inexistants dans cette cité, le cadre de vie à Bekira est, on le devine, loin d'être idéal.