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Bachir Mustapha Essayed (Chef de la direction politique du Polisario) « L'année 2009 sera celle d'une paix durable ou d'une reprise de la lutte armée »
Frère du fondateur du Front Polisario, Mustapha El Ouali Essayed, Bachir Mustapha Essayed revient sur plusieurs questions importantes pour l'avenir des Sahraouis. De la visite du nouvel émissaire de l'ONU dans le camp des réfugiés sahraouis au processus des négociations avec le Maroc, en passant par la nouvelle stratégie de reconstruction des territoires libérés, notre interlocuteur estime que l'année 2009 est décisive sur tous les plans pour le peuple sahraoui. Tifariti a abrité, durant deux jours, les travaux de la conférence internationale pour la reconstruction et le repeuplement des territoires libérés. Pouvez-vous nous expliquer comment comptez-vous mettre en œuvre cette stratégie ? Cette idée est venue du 12e congrès du front Polisario. Elle est l'une des décisions les plus importantes qui visent à remédier à une situation difficile engendrée par la longue attente, le manque de perspectives suite à l'incapacité des Nations unies de tenir ses engagements, consistant à mettre en œuvre la décision du conseil de sécurité. La décision relative au plan de paix qui repose sur deux piliers : le premier est le cessez-le-feu et le second porte sur la mise en place des conditions de sécurité pour l'organisation d'un référendum. Le cessez-le-feu a bien été respecté par les Sahraouis et qui continuent à le faire. Mais la deuxième partie de cette décision, l'organisation d'un référendum, n'a pas été encore exécutée. Les Nations unies tergiversent encore. Face à cette attente et à l'incertitude qui entoure l'organisation de ce référendum, le 12e congrès du Front Polisario a pris la décision de reconstruire les territoires libérés. Donc, c'est dans le but de traduire cette décision sur le terrain que nous avons organisé cette série de manifestations et de rencontres qui visent à bien cerner le sujet et préparer les moyens de sa mise en application. La conférence à laquelle vous assistez, est un espace de débats et de confrontations d'idées pour mieux cerner les éléments et la composante de cette stratégie de reconstruction et de repeuplement des territoires sahraouis libérés. Nous pensons que l'usage de l'espagnol sera le meilleur instrument pour sensibiliser les associations et la société civiles espagnoles, car elles sont les donateurs essentiels. Au menu de cette conférence, il y a aussi le thème de la construction de l'université de Tifariti, comme le symbole du début de cette reconstruction. Ce projet devra canaliser les forces humaines sahraouies en réunissant toutes les élites et les cadres que nous avons formés durant ces dernières années et qui, faute de perspectives sérieuses, quittent le pays. Ce chantier peut ressusciter l'espoir et regrouper toutes nous ressources humaines. Dans votre intervention de jeudi dernier, vous avez affirmé que cette stratégie vise à redonner l'espoir aux Sahraouis. Que voulez-vous dire dans ce sens ? Comment comptez-vous remobiliser le peuple sahraoui ? Absolument ! Cette stratégie vise effectivement à redonner espoir. Les gens ont besoin de ce genre de projets pour faire le meilleur usage de leurs énergies afin de mieux servir leur pays et ce, dans l'attente du parachèvement de la libération de leurs territoires, soit à travers un référendum ou à travers la reprise de la lutte armée, si le Maroc préfère cette voie et qu'il continue à faire fi de ce que nous offrons comme possibilités de paix, de coopération et de complémentarité. Justement, avez-vous un plan d'action pour la mise en œuvre de cette stratégie ? Y a-t-il une échéance fixe pour son application ? Je crois que l'année 2009 est, de toutes les manières, charnière et décisive en vue d'aller vers une paix définitive et durable. Une paix qui soit basée sur une justice, une vision et un choix stratégique du pays. Elle pourrait être également une année de retour à la guerre, même si personnellement, je préfère la première option. Cette année est aussi décisive pour mettre en œuvre cette stratégie de reconstruction et de repeuplement des territoires libérés. Vous avez évoqué la question des négociations. Au début de la semaine, le nouvel émissaire de l'ONU a effectué une visite dans les camps des réfugiés sahraouis où il a rappelé le droit des ahraouis à l'autodétermination. Qu'espérez-vous de cette visite ? Il y a tout un mélange d'idées et de sentiments. Selon les informations que nous avons, le Maroc exerce un certain chantage sur le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, en insistant sur le maintien des dernières propositions de Van Walsum qui a tout simplement violé son mandat. Mais, Christopher Ross a omis ces chantages et il a affirmé que le Maroc est prêt à s'engager à nouveau dans un dialogue sincère. Nous espérons qu'il en soit ainsi. Je crois que le mois de mars prochain sera le mois de la reprise des négociations. Nous espérons que le Maroc entre dans un dialogue sérieux. Quant à nous, nous sommes animés d'une bonne volonté et de sincérité pour reprendre le dialogue et participer positivement à son aboutissement. Nous sommes prêts et nous attendons l'invitation du représentant de l'ONU. Certains responsables du Front Polisario appellent la communauté internationale à exercer des pressions sur le royaume marocain pour qu'il accepte l'application des résolutions du conseil de sécurité. Y a-t-il un travail qui se fait dans ce sens ? L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU a tout un agenda. Il a d'abord visité le Maroc puis le Sahara- Occidental pour se familiariser avec le dossier, connaître directement les négociateurs et jauger la disponibilité des deux parties à reprendre le dialogue. Mais, il va se rendre en France et en Espagne. Moi, je crois qu'il doit visiter l'ensemble des membres permanents du conseil de sécurité, en particulier la Russie et la Chine s'il veut vraiment qu'il y ait des pressions sur le Maroc. Car, je ne crois pas que l'Espagne et la France soient les mieux indiqués pour exercer cette pression. Ces deux pays encouragent plutôt le Maroc à ne pas faire le pas. Toutefois, nous devons accorder une chance au représentant de l'ONU pour faire son travail. Cela sans oublier que le Maroc tergiverse, pratique le chantage et ne veut pas accepter le dialogue que sur la base de ce qu'il appelle « l'autonomie du Sahara- Occidental ».