Soutenir ou ne pas soutenir, cette question reste une arme à double tranchant pour les candidats. A un mois du rendez-vous présidentiel, la course au Palais de l'Elysée devient de plus en plus serrée. Même si la campagne électorale n'a pas officiellement démarré, les candidats envahissent, d'ores et déjà, le terrain. Ils tentent, en effet, de convaincre l'électorat français à se réconcilier avec la politique. Pour capter le maximum de voix, les candidats jouent sur la carte de l'immigration. D'autant plus que les banlieues sont l'enjeu capital du rendez-vous du mois d'avril. Pas moins de deux millions de voix sont convoitées par les candidats en lice. Cette problématique, longtemps marginalisée, revient au devant de la scène politique pour s'imposer comme un enjeu incontournable de l'heure. Preuve en est, le candidat UMP, Nicolas Sarkozy, est allé loin au point de proposer même un département de l'immigration. Effectivement, la fin justifie les moyens. De l'UMP au PS en passant par l'UDF, ils font de l'immigration un sujet de campagne. Les visites multipliées dans les banlieues montrent clairement sur quoi misent les prétendants au prochain mandat présidentiel. Après les banlieues, Ségolène Royal s'est rendue, jeudi dernier, à Marseille, une ville marquée par une forte implantation d'immigrés. «Je ne veux plus d'une France repliée sur elle-même, qui a peur des autres et donc qui s'enfonce dans le communautarisme, dans les discriminations, dans l'individualisme, dans le repli sur soi», a répliqué la candidate socialiste. De son côté, le candidat centriste, François Bayrou refuse, comme Ségolène, l'option de l'immigration choisie. En s'expliquant sur le sujet, mercredi dernier, au meeting du Zénith, il n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. «Je veux une société ouverte, tolérante et résolument moderne qui sauvegarde les valeurs de la République», martèle-t-il. En faisant allusion à son rival de la droite, il dit ne pas vouloir opposer les Français issus de l'immigration aux Français de souche, mais les faire vivre ensemble. Cependant, le sujet sensible de l'immigration reste une arme à double tranchant. Soutenir ou ne pas soutenir, dans les deux cas la victoire n'est pas garantie. D'autres candidats à l'élection s'inspirent d'ailleurs de l'extrême droite pour attirer les voix dormantes. C'est le cas du candidat Philippe de Villiers du mouvement pour la France. Langage typiquement Le Pen, il promet à la France «zéro immigration», l'abolition du regroupement familial et la fin des avantages sociaux des sans-papiers. Le scénario de 2002 où le leader de l'extrême droite a créé la surprise en allant jusqu'au deuxième tour, est encore frais dans la mémoire des Français. Ces éléments de taille démontrent la place qu'occupe la question de l'immigration dans cette campagne électorale. Devant cet état de fait, le candidat de l'UDF a mis en garde contre tout dérapage sur ce thème. «Il faut empêcher que cette campagne ne dérape sur les thèmes de l'immigration et de la nation», a déclaré François Bayrou, vendredi, lors d'un meeting à Saint-Denis de la Réunion. Ce dernier craint le pire en affirmant: «Si l'on en fait le thème principal de la campagne, on va aggraver les difficultés». L'appel lancé par le troisième homme politique traduit, encore une fois, le poids de cette carte dans la course à l'Elysée. Enfin, inquiets du sort que leur réservent le Front national et même la droite de l'UMP, les immigrés, qu'ils aient ou non la nationalité française, s'alignent du côté de la gauche et du candidat de l'UDF. Ces derniers retiennent leur souffle en attendant l'après-élection.