Il y quelques jours, à l'occasion de l'inauguration officielle de l'unité, le Ministre concerné indiquait que l'usine devrait commencer à produire prés 30 000 m3 d'eau, dés que «les petits problèmes inhérents au démarrage d'un projet seraient réglés… ». A partir du 15 Septembre, avec la mise en service de la deuxième unité, l'usine devrait fournir 20 000 m3 supplémentaires. Toujours selon ces mêmes prévisions officielles, avant la fin octobre et avec l'entrée en service de la 3éme unité, l'usine de Bethioua doit fournir, en principe, prés de 82 000 m3/j d'eau potable pour la région oranaise. Un chiffre allégrement «arrondi» à 90 000 m3 par le discours officiel. Mais il semble bien aujourd'hui que malgré la résolution de ces «petits problèmes» évoqués par le Ministre, l'espoir de voir une nette amélioration de l'alimentation en eau potable pour la ville d'Oran demeure lié à l'achèvement d'autres projets et à la levée de multiples contraintes qui, en aval, restent posées depuis des décennies. Les infrastructures de collecte, de stockage et de distribution sont globalement restées au même niveau de saturation connu depuis plus de dix ans. Le fameux problème des fuites du réseau de distribution de la ville d'Oran, connu depuis trois décennies et confié depuis huit ans en projet de rénovation à l'entreprise française Saur reste toujours posé. Improvisation et tâtonnement En termes de besoins en eau potable pour la seule ville d'Oran, les estimations avancées depuis des années tournent toujours autour de 300 à 320 000 m3/j des chiffres qui ne semblent pas tenir compte du développement urbain et de l'extension anarchique de l'habitat, le long des ceintures périphériques. Curieusement et malgré tous les projets initiés sous différentes formes, la quantité d'eau potable disponible pour Oran, prés de 120 000 m3/j, reste pratiquement la même depuis plusieurs années. Ceux qui tentent d'expliquer le déficit persistant par la seule malchance de la sécheresse et de l'envasement des barrages, veulent faire l'impasse sur l'échec d'une politique d'improvisation et de tâtonnement qui ne cesse de pénaliser la capitale de l'Ouest. Ni le recours aux eaux lointaines du Gargar, ni le fameux projet MAO qui traîne en longueur depuis plus de quinze ans n'ont pu résoudre la crise de l'eau. Aujourd'hui beaucoup s'interrogent sur les réelles «possibilités» de la nouvelle usine de dessalement à atténuer le déficit. Tenant compte de la vétusté du réseau et du véritable taux de «fuites et gaspillages», qui selon un spécialiste pourrait atteindre 45%, les nouvelles quantités livrées par l'usine de dessalement se réduiraient à un maximum de 40 000 m3/j en pleine phase de production. Il est vrai que dans quelques quartiers à l'est de la ville, les habitants ont pu constater l'écoulement prolongé de quelques heures de leurs robinets. Des quartiers d'habitat individuel équipés de réservoirs, de bâche d'eau, voire de piscines, et qui sont loin de ressentir le problème dans la douloureuse dimension sociale de la précarité et du dénuement. Des milliers de familles habitant les immeubles des grandes cités périphériques ou les douars de misère limitrophes risquent d'attendre encore bien longtemps avant de pouvoir dormir sans la «corvée de l'emmagasinement» et l'angoisse de la pénurie…