À quelques encablures de la saison estivale et des grandes chaleurs nécessitant d'importantes quantités d'eau, Oran n'a droit qu'à 124 000 m3 par jour. Une quantité insuffisante qui risque de plonger la wilaya dans une nouvelle crise. Dans les mois à venir, l'ADE de la wilaya d'Oran s'apprête à nouveau à gérer et à vivre une situation difficile, voire même critique. En effet, cette année encore, à quelques semaines de la période estivale où la demande de la population en eau potable est importante, les volumes d'eau mobilisés sont faibles, comme nous l'avons appris auprès de la direction de l'unité de production d'Oran. Les quantités d'eau potable disponibles, à l'heure actuelle, pour toute la wilaya d'Oran sont de 124 000 m3/j et sont assurés comme suit : 86 000 m3/j en moyenne à partir de la station de dessalement Kahrama, 18 000 m3/j de la nappe de Bredeha, 10 000 m3/j du barrage de Sidi Abdeli, les deux petites stations de dessalement de la corniche, 6 000 m3/j en moyenne, 9 000 m3/j des ressources locales et enfin 15 000 m3/j du barrage de Gargar. Ces 124 000 m3/J restent très insuffisants puisque des études ont montré que les besoins journaliers de la population sont de 350 000 m3/j. Un déficit considérable qui impose à l'ADE la mise en place d'un programme de distribution drastique, soit 1 jour sur 3 pour l'agglomération d'Oran et 1 jour sur 4 et plus pour les autres communes. Les plages horaires sont encore un autre moyen utilisé par l'ADE pour tenter malgré la pénurie de satisfaire les besoins de ses abonnés. Pour la ville d'Oran, la distribution est assurée durant 12 heures, pour les autres communes elles n'est que de 8 heures, ce qui de toute façon ne peut jamais satisfaire les mères de famille sans oublier le casse-tête de la pression et de l'eau qui n'arrive que difficilement aux étages supérieurs. Un vécu commun à toutes les femmes vivant à Oran dans des bâtiments. Ainsi, malgré la mise en service de la station de dessalement d'Arzew Kahrama et de celles plus petites se trouvant sur la corniche oranaise, le problème reste entier quant à la disponibilité des ressources hydriques à Oran. La station de Kahrama, qui a tout de même soulagée l'ADE, assure donc près de 70% de l'eau potable de la ville d'Oran. C'est pourquoi l'arrêt de la production comme cela s'est déjà produit à trois reprises a un impact des plus néfastes car pour l'ADE il n'y a aucune solution de rechange. Cette semaine un problème s'est posé au niveau des installations de l'usine de dessalement obligeant Kahrama à interrompre sa production à cause d'un dessaleur, avons-nous appris sans plus de détails. C'est le genre de dysfonctionnement qui place l'unité de distribution de l'eau potable dans une situation des plus difficiles, comme nous l'explique l'un de nos interlocuteurs : “Les abonnés qui se voient privés d'eau ne savent pas souvent que nous sommes, nous ADE, confrontés à des problèmes qui nous dépassent et pour lesquels nous ne pouvons rien faire...” C'est ce qui s'appelle vivre une crise de l'eau et les choses ne vont pas s'arranger de sitôt, du moins pas avant 2009, date de l'entrée en production de la station de dessalement d'une capacité de 200 000 m3/j qui sera implantée à Cap-Blanc. En attendant, les responsables de l'ADE ont sollicité la tutelle pour que des apports supplémentaires leur soient accordés en prévision de l'été.Ces apports qui seront évalués par un comité ne pourront venir que des barrages de la région. Mais là encore la tâche sera difficile avec l'absence de précipitations, au niveau des barrages que ces derniers connaissent un taux de remplissage des plus faibles à l'image du barrage de Gargar qui d'habitude peut fournir pour la ville d'Oran jusqu'à 95 000m3/j d'eau ; aujourd'hui seul 15 000 m3/j sont mobilisés. Nos interlocuteurs en profitent pour lancer un appel aux citoyens qui doivent faire preuve de plus de civisme pour éviter le gaspillage, par exemple en lavant à grande eau leurs véhicules. À noter encore que le problème des fuites sur le réseau d'AEP de la ville d'Oran est entier ; elles sont estimées à 60%. Les travaux, menés par la Saur, une société française, ont bénéficié d'un délai supplémentaire fixé cette fois-ci au 15 janvier 2007. F. BOUMEDIÈNE