«Notre souci est de réunir les gens du chaâbi autour d'une tradition d'antan qui est celle d'inviter des orchestres dans les cafés pendant le mois de Ramadhan», nous dit Mohamed El Gourari, gérant du café. Ainsi donc, les successeurs du Cardinal El Hadj M'hamed El Anka se relaient tour à tour, sur une scène aménagée pour la circonstance, les mercredi, jeudi et vendredi pour offrir, après le dernier office et la prière des tarawih, des prestations musicales chaâbi et andalouses au grand bonheur des mélomanes. Dans une ambiance bon enfant, sans bruit ni tapage acoustique de nature à incommoder les riverains, la pléiade d'interprètes, dont Abdelkader Chaou, Kamel Ferdjallah, Mehdi Tamache Abdelkader Chercham et El Hadi Anka, a été invitée à meubler les soirées devant un auditoire venu décompresser et deviser autour d'un thé. D'autres solistes, comme Nacer Mokdad, Hamid Laïdaoui, Djamel Chaïb et Brahim Bayou, figurent dans le menu pour agrémenter les moments nocturnes des convives. Dans le décor, de vieux casbadjis s'offrent un moment d'évasion : ils égrènent à l'envi des moments d'un passé où il faisait bon vivre, fouillent dans leur mémoire pour exhumer quelque souvenance de l'atmosphère particulière qui enveloppait Qahouet Saci, Qahouet El B'har et Qahouet Malakoff… D'autres lieux de convivialité sont évoqués non sans un brin de nostalgie, à l'image de Qahouet Laâriche, Café des Sports – dont il ne subsiste que des vestiges – et bien d'autres espaces qui faisaient office de foyer artistique dans les années 1940 et 1950.