Les tentatives de suicide enregistrées mensuellement à Sidi Bel Abbès oscillent, en moyenne, entre dix et quinze cas, révèle un bilan chiffré nouvellement établi par le service des Urgences médicochirurgicales (UMC) du centre hospitalo-universitaire « Abdelkader-Hassani ». Touchant des individus dont l'âge varie de 16 à 40 ans, les tentatives de suicide, qui sont désignées sous l'appellation médico-scientifique d'autolyse, illustrent, si besoin est, le désarroi qui guette les catégories sociales vivant dans la précarité. Le docteur Wahiba Ghomari, maître-assistant et médecin réanimateur aux UMC, a bien voulu nous en parler. Comment analysez-vous ces tendances suicidaires ? Je commencerai par signaler qu'au cours de l'année 2008, les tentatives d'autolyse ont été dénombrées par le service des UMC à 180 cas auxquels sont venus s'ajouter 29 autres pour les seuls mois de janvier et février 2009. La proportion des sujets qui tentent de mettre fin à leur vie se caractérise précisément par une prédominance majoritairement féminine. En termes statistiques, 80 % des tentatives de suicide se manifestent par l'ingestion de produits médicamenteux, tandis que 20 % se font par l'absorption de substances caustiques tels que l'eau de javel, les raticides et autres… Il faut préciser, à ce propos, que les sujets en question utilisent, le plus souvent, des produits qui sont souvent à portée de main et constamment disponibles dans les foyers. Quelles sont les causes d'un tel phénomène ? Je dois dire que les tentatives de suicide, dont la courbe est périodiquement fluctuante, affectent généralement des personnes qui sont en proie à des situations particulièrement désespérées. Dans leurs tentatives, les sujets s'emploient volontairement à échapper à un état psychologique dépressif qui, le moins que l'on puisse dire, devient à leurs yeux accablant et intolérable. De telles situations découlent de divers facteurs inhérents, notamment au mal-vivre, aux rapports familiaux conflictuels, au désœuvrement, à l'exclusion sociale et aux déceptions Comment se fait la prise en charge des malades ? Aussitôt admis aux UMC, le patient est transféré systématiquement à la salle de déchoquage avant d'être soumis à un examen devant déterminer le niveau de gravité de l'autolyse. Suivent alors les opérations de prélèvements et de lavage gastrique effectuées dans l'immédiat afin d'évacuer tous les produits toxiques absorbés par le sujet. La phase de prise en charge du malade est assortie d'une surveillance médicale et d'un traitement thérapeutique spécifique dont l'évolution est le plus souvent favorable. Je dois préciser, dans ce contexte, qu'il est rare que le malade soit transféré dans une unité de soins intensifs.