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Les acteurs principaux des différentes maîtrises
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2005

Il plaidait à l'époque pour une politique d'action contre la dégradation de nos sites urbains et donnait le signal d'une nouvelle politique basée sur le diagnostic des erreurs du passé et une concertation à même de créer (2) une dynamique à la mesure des ambitions algériennes en matière de développement et d'harmonisation de nos villes et campagnes. Quatre ans après, où en sommes-nous ? Une analyse empirique de l'évolution des villes algériennes de petite et moyenne tailles révèle une extension certes très rapide, mais anarchique. Le phénomène est tel qu'on assiste à l'émergence d'espaces «gris», dont la croissance indique une absence totale des normes en matière d'urbanisme. Les conséquences sont la prolifération d'espaces pseudos urbains révélant des carences de conception et de gestion de l'espace urbanisable. Alors qu'ils ont coûté des milliards de dinars à la collectivité nationale, ces espaces représentent tous les exemples à éviter en matière d'aménagement urbain zones de malvie, d'exclusion et de dilapidation d'une ressource foncière de plus en plus rare dans la partie nord du pays.
Le lancement du programme d'un million de logements, qui a été au demeurant accompagné d'un discours officiel, toujours aussi encourageant et volontaire, a suscité beaucoup d'espoir quant à l'avènement d'une rupture par rapport aux gestions qui avaient prévalu dans le passé et l'élaboration d'une vraie politique de l'urbanisme et partant de l'habitat. Ce grand chantier, avions-nous compris, dans le milieu des professionnels du bâtiment et des architectes entre autres, allait générer une nouvelle perception devant sur une nouvelle approche de la question de l'habitat en Algérie. Et la mise en place de nouveaux rapports, moins bureaucratiques, et débarrassés surtout des malentendus anciens et qui faisaient que chaque critique objective était assimilée à une prise de position politique ou une attaque contre les pouvoirs publics et le gouvernement.
Dans la réalité, ce miracle n'a, malheureusement, pas eu lieu. Alors que les prévisions d'il y a quelques années sont chaque jour contredites sur le programme d'un million de logements, on continue à faire dans la précipitation sans la moindre stratégie. Et pas seulement en ce qui concerne le logement. En effet, il suffit de consulter la chronique des visites ministérielles concernant l'urbanisme et l'habitat. Le récit que nous livre la presse de ces visites nous renvoie au visage une bien triste réalité : ministres et responsables constatent sur le terrain les mêmes scories, la même anarchie et la même médiocrité que nous ne cessons de dénoncer depuis des décennies en matière d'urbanisme et d'architecture.
A ce propos, un article publié dans le quotidien El Watan en date du 4 août 2005 est digne d'être retenu dans les annales de la République. Cette couverture fait état de la découverte par les ministres de l'Habitat et de l'Enseignement supérieur,
MM Hammimid et Harroubia, de la «médiocrité des études, le manque de suivi et de contrôle et la mauvaise gestion» concernant des infrastructures universitaires entre autres. Cela se passait dans une wilaya du pays, «une wilaya malade de ses hommes», selon les propos de l'un des deux ministres. Mais, pour être juste, le constat établi là-bas par ce même ministre peut concerner n'importe quelle wilaya du pays. Car le spectacle auquel lui et son collègue du gouvernement ont été confrontés est malheureusement courant.
Trop courant pour qu'on s'arrête uniquement aux interrogations sur cette wilaya d'autant qu'il est question d'argent public, plus de 242 milliards ! ; ainsi que la construction de la nouvelle aérogare de l'aéroport dans une wilaya de l'Est du pays d'un montant de 388 millions de dinars avec un aspect architectural non appréciable.
Dans ce contexte, il est important de souligner que la conception architecturale de certains édifices publics doit impérativement obéir à des critères, à des règles et à des normes rigoureuses qui tiennent compte des caractéristiques sociologiques, culturelles, économiques et sociales, telles qu'elles sont ancrées réellement dans la société algérienne et ne peuvent en aucun cas être importées, copiées ou traitées à la légère au gré de l'humeur de certains cadres administratifs locaux.
Tout ceci pour affirmer tout haut que des ouvrages sont lancés en fonction de certaines urgences, mais malheureusement dans la précipitation sans en mesurer la conséquence future.
Nous citerons à titre indicatif seulement, en plus du cas des universités et de l'aérogare ceux des centres pénitenciers, dont les conséquences sociologiques sur la population carcérale est signifiante, les cités d'habitation qui ne s'accompagnaient souvent pas des VRD et des infrastructures d'accompagnement (routes, écoles, centres de santé, mosquées, marchés, transports, loisirs, espaces verts…)
Aujourd'hui, la seule interrogation valable est la suivante : pourquoi tous les instruments et les outils de gestion de contrôle en ce qui concerne l'urbanisme d'une manière générale ne fonctionnent plus malgré leur existence et leur disponibilité ? Un petit rappel de la législation algérienne en la matière indique par exemple que le CTC est agréé par le ministère de l'Habitat et suite à l'arrêté du 11 juillet 2002 le ministère de l'Habitat agrée des bureaux d'études d'ingénieurs. Pourquoi donc tous ces acteurs ne jouent pas leur rôle et interviennent pour éviter la multiplication des erreurs grossières et coûteuses ? Comment la commission de jury chargée d'approuver les études fait-elle pour laisser passer des études qualifiées de «médiocres» ou de «catastrophes». La commission, rappelons-le, est composée de membres de la direction du logement et de l'équipement public (DLEP), de la DUCH, de l'APC, de l'ordre des architectes (pourquoi ne pas parvenir à instaurer une culture de solutions conformes telles que cela se déroule dans les grandes nations, à travers un jury composé d'un collège d'architectes libéraux, d'un collège des institutions publics, d'un collège des personnalités qualifiées)… Les réponses sont, bien évidemment, connues, mais il faut sans doute s'arrêter sur un point, celui du cahier des charges. Ce document déterminant dans l'acte de bâtir est pourtant squelettique et vide de substance. Il y a même des cas où le cahier des charges ne dépasse pas les deux pages.
Quelle attitude adopter face à cette situation ? Voici quelques pistes :
– 1 Le déficit de parole des professions de l'urbanisme impose aujourd'hui une nouvelle manière d'agir. Il s'agit de confronter les logiques en présence et tenter de les concilier. Ces professions, à commencer par la corporation des architectes, ne peuvent plus aujourd'hui continuer de fonctionner, comme elle le fait aujourd'hui. C'est-à-dire établir des constats, puis se taire jusqu'à une catastrophe se produise à nouveau (l'architecte a failli à sa mission, pourquoi ? Le maître de l'ouvrage public qu'a-t-il fait à ce jour ? Dialogue-t-il avec le professionnel ? Connaît-il sa mission ? Admet-il sa faillite ?) Le fait qu'elle soit dépositaire d'une responsabilité morale et même historique lui commande de faire le bilan. Toute la question est de savoir si la profession est capable de faire ce travail. Et si les autres corporations telles que celle des ingénieurs peuvent en faire autant.
Il s'agit, dans cette optique, de relancer les tentatives d'aboutir à une charte qui soit conforme aux enjeux auxquels l'Algérie est confrontée durant ces années 2000. Autrement, le constat d'échec doit être établi pour mettre un terme à ce paradoxe. Les débats sur l'urbanisme et l'habitat paraient être une option importante, sans laquelle il n'est pas possible d'espérer un impact sur les pouvoirs publics.
L'enjeu n'est pas d'établir seulement un bilan. Celui-ci est déjà connu. Il s'agit surtout de dégager des voies rapides pour réfléchir aux moyens d'intervenir efficacement sur le terrain. Et de défendre l'idée d'un compromis historique entre la gestion des besoins et la nécessité de défendre une politique urbanistique alliant les besoins urgents du pays au respect et à la promotion des normes esthétiques à même de préserver les ressources et de les optimiser. Au niveau de notre profession, il s'agit de défendre la place qui sied à l'architecte (l'architecte est le pilote de tous les segments). Il faut défendre l'établissement d'un code de la construction par lequel il s'agit de garantir l'acte de bâtir par des matériaux agréés et reconnus pour leur efficacité. Il s'agit de contribuer au débat sur la formation aux métiers de la construction et de l'urbanisme.
– 2 Entre l'administration, les maîtres d'ouvrage (3), les maîtres d'œuvre et les entreprises, le dialogue n'est pas la grande vertu aujourd'hui. A titre indicatif, l'administration devait élaborer un protocole avec les entreprises en matière de formation, qualification et classification de différents corps de métier. Il n'en est rien sur le terrain. Il était question d'élaborer un programme de prévision en ce qui concerne la gestion des matériaux. Sur le terrain, on constate que comme le marché des matériaux de construction est toujours confronté à d'innombrables ruptures en matière d'approvisionnement des différents chantiers, comme c'est le cas notamment du sable. Par ailleurs, il est aisé de constater une absence totale de coordination et de concertation entre les différents intervenants (maître de l'ouvrage, maître de l'œuvre et entreprise). Il s'agit, donc, d'impliquer les ministères et les institutions concernés tels que l'Habitat, la Justice et l'Intérieur pour le respect de la réglementation et des normes. Il ne s'agit pas d'oublier le ministère de la Culture, notamment pour le rôle que cette institution peut avoir dans la défense du patrimoine.
– 3 L'apport des universités (4) et des instituts spécialisés demeure en deçà des ambitions. Sur une soixantaine de colloques et de séminaires, on s'est arrêté au stade des recommandations. Il s'agit de surmonter cet écueil en donnant une plus grande audience aux recommandations techniques et en établissant des passerelles entre le monde de la théorie et celui de la pratique.
Le pays dispose à l'heure actuelle de 960 centres de formation professionnelles (CFPA) repartis sur tout le territoire national en prenant compte une capacité moyenne de formation de
500 techniciens pour chacun d'eux, nous aboutissons à des capacités de 480 000 techniciens toutes branches confondues (réalisation d'un million de logements). Ainsi la capacité d'offre de ces centres de formation est importante.
En effet, chacune des 1541 communes du pays pourra ainsi être dotée de
312 techniciens, ce taux de formation est appréciable.
Il reste pour chaque commune de définir clairement les quantités et les spécialités dont elle doit disposer, et ce, dans le cadre d'une coordination avec les instances de formation, ce qui permettra de réguler convenablement le marché de la main d'œuvre spécialisée dans le pays. A ce rythme, il sera même permis de penser à exporter notre main-d'œuvre spécialisée vers l'étranger.
L'objet du débat de l'urbanisme est de tirer la sonnette d'alarme. Et de faire en sorte que le plan de consolidation croissance – véritable laboratoire – ne débouche pas sur d'autres catastrophes. L'enjeu est de sonder les potentialités réelles du pays et de ne pas se précipiter pour désigner des boucs émissaires.
Notes :
– 1 La maîtrise de l'ouvrage, la maîtrise de l'œuvre (l'école de l'architecture EPAU doit être partie prenante), la technologie (5 entreprises) et la maîtrise de l'usage (le citoyen).
– 2 Le Collège national a décodé le message du million de logement.
– 3 Confiance entre maître de l'ouvrage et le maître d'œuvre.
– 4 L'école doit s'ouvrir sur le milieu industriel favoriser les échanges entre l'école et les entreprises pour le placement des stagiaires.
Les gens travaillant dans le milieu industriel doivent avoir un regard sur la formation partenariat école-milieu industriel (financement dans la recherche appliquée).


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