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Dans la lucarne
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2005

Charles Joseph Bolden était déjà une célébrité de la Nouvelle-Orléans à la fin du XIXe siècle.Tout le monde l'appelait Buddy car il se comportait avec ses concitoyens comme le bon copain qui apporte de bonnes nouvelles. Buddy Bolden n'était pourtant pas le facteur de la ville, mais son musicien emblématique.
La catastrophe qui a ravagé ces dernières semaines la Nouvelle-Orléans a redonné une poignante actualité à son nom indissociable de celui de la cité sinistrée. Buddy Bolden, comme le souligne un documentaire sur le jazz diffusé par Arte, était le tout premier chef-d'orchestre à avoir institué le style band qui devait se généraliser par la suite. C'était à l'exact début du
XXe siècle et Buddy Bolden, 23 ans en 1900, entrait dans la légende de la Nouvelle-Orléans et du jazz. Il était un musicien particulièrement doué, spécialiste hors pair du cornet dont il tirait toutes les sonorités qui peuvent exprimer les émotions humaines.
Comme les autres musiciens de sa génération, Buddy Bolden était un improvisateur-né, qui savait broder sur un thème basique pour bifurquer vers d'interminables variations. Le jazz, d'essence afro-américaine, n'était pas une musique écrite et codifiée sur une partition. C'était toutefois le dernier souci de Buddy Bolden et des amis qu'il avait réunis dans son orchestre. Leur ambition était en fait plus prosaïquement celle de faire danser leurs contemporains et de leur donner un peu de joie. Bolden et ses musiciens étaient eux-mêmes des bons vivants qui partageaient la passion pour la Nouvelle-Orléans et pour le jazz. A leurs yeux, cela valait tous les sacrifices, car le jazz était très mal vu et assimilé, surtout par la bonne société des Blancs, à une musique dépravée. Un préjugé terrible qui n'empêchera pas Bolden et ses amis d'animer les soirs festifs de la Nouvelle-Orléans pendant près de cinq longues années. Leur sort n'était pas enviable pour autant, car ils n'étaient pas payés en retour. Les musiciens de la Nouvelle-Orléans n'étaient pas appréciés à leur juste valeur, car pendant longtemps ils ne percevront pour toute rétribution que 50 cents, alors que les musiciens de Saint-Louis recevaient 5 dollars et ceux de Chicago 10 dollars. Cela explique que la Nouvelle-Orléans n'ait jamais pu retenir ses grands artistes.
Louis Armstrong par exemple quittera définitivement la ville au début des années 1920. Il était découragé par la sous-estimation de sa valeur artistique et les tarifs à la tête du client que pratiquait la Nouvelle-Orléans. Sidney Bechet en fera de même et se fixera en Europe où son talent sera apprécié à son juste prix. Buddy Bolden, lui, était loin de ce genre de préoccupations et il trouvait son bonheur dans l'exercice de son métier, même si la santé n'y était plus. Il fera plusieurs séjours dans les hôpitaux à la suite de dépressions. Il meurt en 1931
à l'âge de 54 ans. Le jazz s'était imposé comme une musique majeure dont même les compositeurs classiques, en Amérique et en Europe, tiraient parti. Le jazz était même inscrit au programme des universités. Buddy Bolden y avait été pour quelque chose. Cela efface les vexations dont il avait fait l'objet, d'autant plus que la Nouvelle-Orléans n'a jamais vraiment pris la mesure de l'extraordinaire personnage qu'il était. Après les inondations de la Nouvelle-Orléans, les observateurs ont pu relever l'état d'abandon dans lequel se trouvait la maison où avait vécu Buddy Bolden. Là où l'on pouvait s'attendre à trouver un musée dédié à sa mémoire, il n'y a que désolation et déni. Comme bien d'autres artistes, Charles Buddy Bolden est un oublié de la reconnaissance officielle. La musique, plus singulièrement encore le jazz a une dette de mémoire envers un musicien qui a balisé le chemin des grands ensembles que constitueront par la suite les Duke Ellington, Count Basie, et qui annoncera les Ornette Coleman et autres Dizzie Gillespie. Il avait commencé par montrer la voie à Satchmo, autrement dit à Louis Armstrong. L'ouragan qui a dévasté la Nouvelle-Orléans a réveillé les accents trépidants de cette musique que jouait Buddy Bolden dans les bars un peu louches et les places publiques bondées. Leur jazz est ce qui restera à la Nouvelle-Orléans même lorsque, de propos délibéré, la ville voudra tout oublier.


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