Jeudi vers 16 heures à la salle El Mouggar nouvellement rénovée, des jeunes Algériens fêtent comme partout dans le monde la Journée internationale du jazz, cette musique qui se distingue par la liberté donnée aux musiciens de s'exprimer et d'improviser à partir d'un thème de base. Le jazz, originaire du Sud des Etats-Unis, a submergé le monde de notes en folie. Duke Ellington, Oscar Peterson, Herbie Hancock et Count Basie, les trompettistes Louis Armstrong, Dizzy Gillespie et Miles Davis, le contrebassiste Charles Mingus, les saxophonistes Charlie Parker et John Coltrane, le clarinettiste Sidney Bechet, et les chanteuses Billie Holiday, Nina Simone et Ella Fitzgerald sont des légendes d'un monde musical toujours aussi créatif. En 1966, le cinéaste Clint Eastwood a réalisé un de ses meilleurs films en rendant hommage dans un biopic au saxophoniste Charlie Parker. Woody Allen, clarinettiste met toujours du jazz dans la bande sonore de ses films tout comme Martin Scorsese. Notre couleur jazz à nous autres Algériens se niche dans le jeu du musicien du banjo et dans la liberté d'improvisation dans l'interprétation musicale d'une partition chaâbie. Actuellement, c'est le gnaoua qui a pris le relais avec de jeunes et talentueux musiciens. L'engouement que suscite cette musique rend compte de sa vivacité. Le jazz et le gnaoua étaient donc au rendez-vous par ce vendredi pluvieux à Alger dès 16 heures. C'est La musika urban jazz 100% DZ qui a organisé ce spectacle musical haut en couleur. Une brochette de musiciens de grand talent à l'image de Fayçal Maâlem pianiste avec son quartet composé de Sid Ali Guessal à la basse, le grand batteur, récompensé lors de cette rencontre, Nacer Menia, Arezki Bouzid au saxophone et Farid Ladjadj à la guitare. Ce quartet a gratifié le public de belles pages musicales toutes aussi enivrantes les unes que les autres. Mohamed El Amine Soudi, retenez bien le nom de ce jeune chanteur de niveau international. Quelle classe et quelle générosité dans l'interprétation! Lui aussi a séduit par ses vocalises et par sa version d'une chanson de Charles Gainsbourg «La javanaise». Mohamed El Amine Soudi avec deux belles choristes aux voix justes et belles, chantera d'autres standards de la chanson au grand bonheur de l'assistance. La chanteuse Kawtar fera sensation avec sa version de la chanson andalouse «Ya racha el Fetane», elle qui s'est déjà distinguée avec les versions exceptionnelles de «Ritou Riadh» et «Lilet el Barah». Kawtar excelle aussi dans le répertoire anglo-saxon. Nous nous demandons ce qu'elle attend pour éditer un CD et mettre à la disposition d'un large public son talent et sa voix lumineuse. Le gnaoua prend le relais avec le gumbri et ses rythmes envoûtants. La salle s'enflamme et tout le monde danse. Belle initiative en cette Journée internationale du jazz! Un autre jeune se distingue actuellement; il s'agit du cinéaste Karim Moussaoui déjà très remarqué depuis qu'il a réalisé en 2014 le très beau moyen-métrage «Les Jours d'avant», film qui relate les années rouges dans la région du triangle de la mort, du côté de Larbaâ. Le film «Les Jours d'avant» a reçu plus de 30 distinctions dans des festivals internationaux. Karim Moussaoui est passé au long-métrage avec «En attendant les hirondelles» que nous avons hâte de découvrir. Le film est sélectionné dans la section «Quinzaine des réalisateurs», à Cannes, le prestigieux festival de cinéma. Bravo Karim Moussaoui et bravo à tous ces jeunes qui, grâce à leur créativité, nous dessinent chaque jour une Algérie nouvelle qui nous redonne de l'espoir!