Le Centre anti-cancer (CAC) de Blida a organisé, durant le week-end, à l'hôtel Sheraton à Alger, des journées scientifiques sur le cancer de la prostate au cours desquelles les participants ont souligné l'intérêt du dépistage d'autant que les Algériens demeurent la plupart du temps ignorants des maladies et des traitements touchant cette glande masculine. Outre des urologues, des chirurgiens et des radiothérapeutes algériens, plusieurs spécialistes français ont pris part à cette rencontre. Le dépistage annuel du cancer de la prostate chez les hommes de 50 à 75 ans permettrait la guérison de plus de 95% de ces tumeurs qui touchent des milliers d'hommes chaque année en Algérie, ont affirmé des intervenants. “Le diagnostic du cancer de la prostate à un stade précoce suppose l'implication et le suivi du médecin traitant”, a précisé toutefois le Dr Mohamed El-Hadi Djabri, exerçant en France. Il a ainsi insisté sur la “concertation” entre les chirurgiens, les urologues, et les oncologues pour une prise en charge efficace de cette pathologie. L'intervenant a suggéré un “consensus général” pour une “stratégie thérapeutique” qui permettra aux différents intervenants de se concerter à chaque étape du traitement de la maladie. Le cancer de la prostate est souvent guérissable quand il est diagnostiqué de manière précoce, mais les séquelles du traitement demeurent gênantes, a indiqué de son côté le professeur Christophe Hannequin, de l'hôpital Saint-Louis de Paris. Il a précisé que lorsque le cancer est diagnostiqué à temps, il nécessite une intervention chirurgicale standard de quelques jours, alors que s'agissant de la radiothérapie, le traitement est plus long, nécessitant plusieurs séances pouvant durer jusqu'à deux mois. De son côté, le directeur du CAC de Blida le Pr Kada Boualga a révélé que “sur les 30 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année (en Algérie), nous traitons un millier de nouveaux cancers de la prostate (par an)”. Il a précisé qu'en 2007, sur 1 600 nouveaux cas de cancer traités au CAC de Blida, il y a eu 107 cas de cancer de la prostate, ce qui représente 7% de la totalité de tous les cancers. Selon lui, la capacité de traitement du centre est de ce 60 cas par jour, tous cancers confondus. Le Pr Boualga a précisé que le centre de Blida dispose d'un équipement de dernière génération permettant un traitement efficace des cancéreux. “On obtient de bons résultats, notamment pour le cancer de la prostate”, a-t-il dit à Liberté en marge de la rencontre. Le Pr Abderrezak Dahdouh, chef de service d'urologie de l'EHS Daksi de Constantine, recommande pour sa part le dépistage individuel à tous les hommes âgés de plus de 50 ans, ainsi qu'un dépistage à partir de 45 ans aux patients présentant un risque particulier (ceux dont des parents proches ont été atteints d'un cancer de la prostate). Le dépistage repose sur deux types d'examen, le toucher rectal pour palper la glande, réalisé par le médecin généraliste ou l'urologue, et un dosage sanguin spécifique, dit PSA. Le PSA (antigène spécifique prostatique) est une protéine qui n'est produite que par la prostate et que l'on retrouve en petite quantité dans le sang. Sa concentration sanguine augmente en cas de cancer, mais aussi de gonflement bénin de la prostate ou d'infection. La prostate est une glande du système génital de l'homme. Située sous la vessie, elle fabrique le liquide séminal, composant du sperme. Le cancer de la prostate évolue souvent lentement, et l'on peut vivre avec lui pendant des années sans le savoir. Mais dans certains cas, il peut devenir agressif ou l'être d'emblée. Rafik Benkaci