La conférence ordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé hier à Vienne de maintenir son plafond de production à 24,84 millions de barils et de tenir une nouvelle réunion extraordinaire le 28 mai prochain, au cours de laquelle des décisions pourraient être prises. Ces décisions semblent être un compromis pour rendre plus efficace la discipline dans la réduction des quotas avant de décider d'une nouvelle réduction de la production. La conférence a choisi ainsi de faire prévaloir la discipline avant de s'engager dans une nouvelle réduction. Mais au vu de l'évolution de la demande, les pays de l'Opep ne pourraient pas encore éviter une nouvelle réduction de leur production lors de la réunion extraordinaire qui se tiendra le 28 mai prochain. Surtout qu'en 2009, la baisse de la demande mondiale en pétrole sera d'un million de barils par jour (mbj). La réunion du G20 à Londres le 2 avril prochain et les mesures qui pourraient être prises par les plus pays développés constitue un autre facteur qui a dû jouer sur le statu quo qui a prévalu. Les 800 000 barils par jour qui restent encore à enlever du marché constituent un volume appréciable. Ce problème est très ancien au sein de l'Opep. Paradoxalement, ce sont les pays qui appellent le plus à des réductions qui tardent à les mettre en pratique lorsqu'elles sont prises. Toutefois, l'application des réductions décidées à la fin de l'année 2008 a connu un très bon taux d'application en quelques mois. Et les pays retardataires peuvent se mettre en conformité d'ici la fin du mois de mars. Le communiqué de l'Opep sanctionnant les travaux de la réunion d'hier a fait référence à cette application. Selon le communiqué, « la conférence s'est félicitée des premiers signes d'un renversement » sur le marché pétrolier. C'est ce qui indique que le processus d'ajustement du marché porte des fruits, selon l'Opep. La conférence s'est félicitée de l'application des réductions de production de 4,2 millions de barils par jour à un taux de 79% à la fin du mois de février et c'est ce qui a contribué à l'équilibre des prix autour des 40 dollars le baril pour le panier de l'Opep depuis le début de l'année 2009, malgré les perspectives économiques critiques, selon le communiqué. La question du respect des engagements de réduction qui a dû focaliser les débats a été traitée dans le communiqué. La conférence a souligné son engagement à se conformer pleinement à sa décision du mois de décembre 2008 afin de contribuer davantage à la stabilité du marché. Et le secrétariat de l'Opep a été instruit pour suivre de très près l'évolution du marché. Pour parer à toute éventualité, la conférence a décidé de se réunir en session extraordinaire le 28 mai prochain à Vienne pour envisager des mesures qui pourraient être nécessaires. En clair, l'Opep a reporté sa décision de réduire encore sa production au mois de mai, le temps de voir tous ses membres adhérer aux décisions du mois de décembre. Mais cela peut aussi vouloir dire que l'Opep préfère attendre les résultats de la réunion du G20 qui aura lieu le 2 avril à Londres. D'ailleurs, dans le communiqué publié hier, la conférence a exprimé son espoir que les décisions qui seront prises par la prochaine réunion du G20 en avril 2009 puissent contribuer à une amélioration sensible de l'économie mondiale. A la fin de la réunion, le ministre qatari, Abdallah El Attiya, a indiqué à la presse que les pays membres de l'OPEP se sont engagés à respecter les quotas de production avant de baisser encore l'offre. Plusieurs pays producteurs de pétrole ont assisté en tant qu'observateurs. Il s'agit de l'Azerbaïdjan, de l'Egypte, du Mexique, de la Russie et du Soudan. La conférence a aussi décidé de confier un mandat de trois ans au Libyen Abdallah El Badri au poste de secrétaire général de l'Organisation à partir du 1er janvier 2010.