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Colère dans les centres des sinistrés
Publié dans El Watan le 28 - 01 - 2006

Cette situation s'est inscrite dans la durée. Les exemples sont multiples, constate-t-on. Que ce soit à Tizi Ouzou-ville, Boghni, Ouacifs, Draâ Ben Khedda et Tigzirt, le relogement de ces familles pose un sérieux problème pour l'administration, accusée de «mépris et de négligence envers des citoyens qui ne cherchent qu'un toit où s'abriter», dénonce-t-on. Une virée dans certains sites nous renseigne sur le drame quotidien vécu par ces familles depuis une vingtaine d'années, voire même plus.
Destination la ville côtière de Tigzirt.
Le silence de la mer, en ce jeudi du mois de janvier, offre l'image d'une région très calme, sereine. Pourtant, à une centaine de mètres du port, encore en chantier, et depuis quelques jours, un climat d'agitation a commencé à envahir le centre familial de la Caisse nationale des congés payés du secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (Cacobapth), où est logée, depuis plusieurs années, une quarantaine de familles. Ces dernières sont invitées par les responsables du site à quitter les lieux, mais certaines refusent d'obtempérer à cette décision qu'elles jugent «injuste et inhumaine». «Nous n'avons pas où aller. J'habite dans ce centre depuis 1985 sur décision du chef de daïra de Tigzirt. J'ai un dossier de demande de logement qui dort au niveau de l'APC depuis 1983», s'indigne une femme, mère de quatre enfants. «La réquisition écrite du chef de daïra de l'époque ne fait aucune mention sur la date d'évacuation des lieux», se défend-elle en exhibant le fameux document. Pour sa part, le directeur du centre de la Cacobapth, M. Aïssaoui, affirme le contraire. «Ces familles, dont la plupart sont du secteur de l'éducation, ont été amenées ici en1983, sur réquisition du wali de Tizi Ouzou et du chef de daïra de Tigzirt. Elles devaient restituer les clés de nos appartements à la fin de l'année scolaire, mais aucune autorité n'a mis à exécution cet accord», se désole-t-il.
Trois hivers sous les tentes
Pis, «certains occupants ont loué leur appartement à d'autres personnes après avoir construit des maisons individuelles dans leur région natale ou ont bénéficié d'un logement de fonction à Tigzirt ou dans les localités où ils ont été mutés. D'autres n'ont jamais habité et ont transformé notre site en résidence secondaire durant la saison estivale. Des locataires sont partis en France et ont laissé les clés à leurs amis ou des membres de leur famille. Ils ont été saisis, mais ils refusent de les restituer», dénonce-t-il en mettant à l'index les autorités locales et les responsables de la CNAS de Tizi Ouzou qui ont géré le patrimoine immobilier de la Cacobapth entre 1986 et 2005. Selon M. Aïssaoui, à chaque jour qui passe, la situation se complique davantage, car au fil des ans d'autres familles ont été installées dans ce site et leurs problèmes ne sont toujours pas réglés.
En 2001, cinq familles sinistrées, suite aux inondations du mois de septembre de la même année, sont relogées provisoirement dans le centre par les autorités locales de Tigzirt. Une seule est venue s'installer, car elle était réellement dans le besoin, avance M. Aïssaoui qui déclare que les autres «familles sinistrées» ne sont jamais venues. Après le séisme de l'année 2003, onze autres familles ont été relogées dans le site de la Cacobapth par le chef de daïra de Tigzirt. Elles ont été invitées dernièrement à restituer les clés après que leur problème ait été réglé, il y a quelques mois. De hauts fonctionnaires de la CNAS ont, eux aussi, occupé pendant plusieurs années les appartements de la Cacobapth, mais leur direction les a tous invités dernièrement à évacuer les lieux au risque de se voir sanctionnés. M. Aïssaoui déclare que sur les 58 appartements existants, et dont la plupart sont dans un état de dégradation avancée, il n'a pu récupérer qu'une dizaine de clés. Cet état de fait a contraint le directeur du centre de la Cacobapth à déposer plainte contre 27 familles qu'il qualifie d' indus occupants.
Un qualificatif que réfute une sexagénaire, mère de deux enfants mariés. «J'ai déposé quatre dossiers pour demander une aide de l'Etat sous forme de logement ou d'argent pour loger ma famille, en vain. Aujourd'hui, on vient me demander de quitter l'appartement sans qu'on nous propose une solution à notre problème», s'indigne-t-elle. Père de cinq enfants travaillant dans l'extraction de la pierre, Tarik déclare : «J'ai figuré à trois reprises dans la liste des bénéficiaires d'un logement, mais on a supprimé mon nom sans motif valable. Cette fois-ci, je devrais avoir un logement. Dans ce pays, il faut avoir des appuis pour survivre, car l'Etat semble ignorer complètement notre existence». «Mon frère marié et ayant à sa charge deux enfants habite la cave qu'il a aménagée. Il a constitué plusieurs demandes d'aide au logement mais il attend toujours», ajoute-t-il, en indiquant un espace de quelques mètres carrés transformé en logement. L'odeur de l'humidité et celle de la conduite d'évacuation des eaux usées traversant le semblant d'appartement se fait sentir de loin. Les ordures ménagères sont jetées n'importe où, alors que des câbles électriques traînent par terre, remarque-t-on. Le toit est noirci par la fumée. «Mes enfants sont tombés malades. Ils sont atteints d'allergie et de problèmes respiratoires», se plaint la belle-sœur de Tarik qui déclare que «des commissions de l'APC sont venues inspecter les lieux. Leurs promesses sont des paroles en l'air. La distribution des aides financières et des logements sociaux se fait toujours au profit de personnes qui ne sont pas dans le besoin». Selon des échos, le terrain qui abrite le centre familial de la Cacobapth appartiendrait à l'APC de Tigzirt qui souhaiterait le récupérer après le départ de toutes les familles de cet endroit. Pour plus d'information, le président d'APC de Tigzirt est injoignable.A une trentaine de kilomètres de Tigzirt, au chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, une cinquantaine d'autres familles vivent le même calvaire que celles du centre familial de la Cacobapth. Ce sont les sinistrés du séisme du 23 mai 2003 qui passent leur troisième hiver sous les tentes sur le site du parc Eniem, et les sans domicile fixe du centre d'accueil de familles en détresse du Croissant-Rouge algérien (CRA). Ces sinistrés attendent toujours une solution à leur problème, en vain. Ils affirment être livrés à eux-mêmes. «Depuis plus d'une année, les pouvoirs publics nous ont abandonnés à notre sort. Certains responsables de l'administration refusent même de nous recevoir dans leur bureau. Nous ne savons plus à qui nous adresser. Nos familles vivent dans des tentes usées et nos enfants sont constamment malades. Nous partageons un seul sanitaire qui se bouche assez souvent. Nous sommes desservis par un seul robinet d'eau», déclare un sinistré du parc Eniem, dépité. A proximité d'une tente, une décharge sauvage attire chats et chiens errants, remarque-t-on. «Les agents de la voirie ne sont plus revenus depuis plus de trois mois », affirment nos interlocuteurs. «Au lieu de nous faire attendre, qu'ils viennent nous dire que nous ne méritons pas d'être pris en charge. Ils ont tous les moyens pour effectuer des enquêtes au cas par cas afin de décider des suites à donner à nos doléances», s'insurge un autre sinistré qui habite une tente vétuste avec sa femme et ses cinq enfants scolarisés.
Indus-sinistrés ?
Ayant perdu tout espoir d'être relogées ou aidées par l'Etat, une dizaine de familles sur les 48 installées au parc Eniem sont parties s'installer chez leurs amis et parents. Pour ceux qui n'ont pas les moyens, ils préfèrent rester sur place et éviter de se retrouver une autre fois à la rue. C'est le cas à l'ancien Souk El Fellah Bouaâziz où sont placées 17 familles «sinistrées» et qui vivent les mêmes conditions que celles du parc Eniem. Interrogé à ce propos, le chef de daïra de Tizi Ouzou affirme que «tous les sinistrés du séisme sont pris en charge par nos services. Ceux du parc Eniem ou du Souk El Fellah Bouaâziz sont de faux sinistrés. C'est vrai qu'il y a des personnes qui méritent d'être aidées, mais pas tous les occupants des tentes qui sont venus pour certains d'autres localités. Nous avions effectué des enquêtes détaillées pour chacune des familles et avons relogé celles qui remplissaient les conditions nécessaires. Pour moi, le dossier des sinistrés du séisme est clos». Au niveau du centre d'accueil pour personnes en détresse du CRA de Tizi Ouzou, 13 familles désemparées occupent chacune une pièce d'une dizaine de mètres carrés. Certaines y vivent depuis 10 à 12 années. Elles ont été accueillies sur demande des pouvoirs publics en attendant le règlement de leur problème, mais c'est le provisoire qui dure, affirme-t-on. Aujourd'hui, ces familles ne veulent pas sortir sous prétexte qu'elles n'ont pas où aller.
«J'habite ici depuis le début des années 1990 et je n'ai personne pour m'aider. Mes quatre enfants sont malades à cause de la saleté du site et de la qualité douteuse de l'eau. Je me demande parfois si je suis considérée comme citoyenne algérienne ou pas. Sinon, je pense que je mérite moi aussi d'avoir un toit où loger mes enfants. Aller au travail sans avoir peur des cambrioleurs. Nous avons interpellé toutes les autorités mais nos doléances sont restées lettre morte», s'interroge une dame. M. Bouaâziz, responsable du comité communal du CRA est convaincu que ne seront aidés que les vrais nécessiteux. Il déclare que «parmi ces familles, il y a celles que les précédents P/APC ont amenées pour une durée d'une semaine, au maximum. Pourtant, la plupart sont des fonctionnaires de l'administration, capables de louer des appartements en ville, mais elles profitent de l'anarchie ambiante pour s'arracher un logement ou une aide financière sur le dos de l'Etat». M. Bouaâziz reconnaît toutefois qu'«il existe des familles qui doivent être aidées dans les meilleur délais». Concernant le site du CRA, le chef de daïra de Tizi Ouzou affirme que «ce dossier a été pris en charge dans les moindres détails. Chacune des 13 familles aura son logement dans peu de temps. Sauf qu'il faudrait d'abord libérer les 263 appartements qui sont squattés ces cinq dernières années». En attendant de récupérer les appartements squattés et le lancement de nouveaux projets de construction de logements sociaux, des dizaines de familles, dispersées à travers la wilaya de Tizi Ouzou, pataugent dans la misère des camps pour sinistrés ou dans des sites devenus par la force des choses de véritables bidonvilles.


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