Sous l'impulsion de cette nouvelle équipe dirigeante, le PPA se développe rapidement, particulièrement auprès de la jeunesse algérienne. Arezki Kehal sera arrêté le 25 février 1938 en compagnie de Fillali M'barek, Lakhdar Hayaouani et Mohamed Guénanèche dans la maison de Moufdi Zakaria. Qui est Arezki Kehal ? Les livres d'histoire et les historiens, les Algériens le connaissent-ils ? De nombreux et illustres historiens le connaissent et ont parlé de lui. Né le 22 avril 1904 à Guenzet, il fera, dès son jeune âge, l'apprentissage de l'amour de la patrie. L'école coranique de son quartier, où il apprendra bien sûr le Coran, l'arabe et quelques éléments de fiqh, et l'école française du village où il atteindra le niveau du certificat d'études primaires, constitueront son seul parcours scolaire. La misère et le drame colonial que vivait le peuple algérien le frappent très tôt. Jeune déjà, il appelait au changement et à une action politique contre l'oppression. Le chômage le chassera d'Algérie ; il ira s'installer en France et se ralliera, en 1931, à l'Etoile Nord-africaine, dans le XXe arrondissement de Paris. Avec d'autres militants, Amar Imache, Belkacem Radjef…il se lance dans la rédaction du journal « El Ouma », organe par le biais duquel seront diffusées leurs idées dans le milieu ouvrier, en France. En 1933, les services de police le décrivent comme étant « … un militant très actif ». Il est, en outre, l'un des membres fondateurs du parti populaire algérien (PPA). En effet, le 11 mars 1937, à Nanterre, lors d'une réunion des « Amis d'El Ouma », successeur de l'ENA dissoute, la première direction du PPA est instituée. Messali Hadj en est président et Arezki Kehal est désigné trésorier général. Ce dernier commence à prendre une dimension politique avec le départ de Messali à Alger en juin 1937. Lui et Abdallah Fillali seront les principaux dirigeants du nouveau parti. Effectivement, après l'arrestation de Messali, Arezki Kehal, en compagnie de Fillali, se rend à Alger dès le 3 septembre pour prendre la direction du parti. Fin septembre, lui et Mohamed Guenanèche rencontrent le Cheikh Ibn Badis. A la fin de la réunion, ce dernier fait part de son aspiration à l'indépendance, déclarant que l'épreuve avec le front populaire est suffisamment édifiante. Un accord est pris entre les deux forces politiques en vue de mettre fin à la polémique et d'opérer un rapprochement entre le PPA et l'Association des Oulémas. Sous l'impulsion de cette nouvelle équipe dirigeante, le PPA se développe rapidement, particulièrement auprès de la jeunesse algérienne. Arezki Kehal sera arrêté le 25 février 1938 en compagnie de Fillali M'barek, Lakhdar Hayaouani et Mohamed Guénanèche dans la maison de Moufdi Zakaria. Même à la prison Barberousse, il continuera son activité politique et militante en donnant des cours. M.Guenanèche, son compagnon de captivité et co-partisan dira : « Il fait passer ses camarades d'un nationalisme sentimental à l'action politique révolutionnaire. » La maladie (mal soignée), 14 mois d'emprisonnement et plus de 6 mois de souffrances viendront à bout de ce lutteur pugnace. « Kehal n'a été envoyé à l'hôpital qu'après d'énormes difficultés, et bien après que le mal eut fait ses ravages…à l'hôpital, il fut isolé avec un agent de police de garde pendant 24 heures, on ne permettait à personne de le voir », témoigne Abou Ali, un compagnon du martyr. Il décède le 14 avril 1939. L'un des précurseurs de la guerre de Libération aura droit à des funérailles nationales ; plus de 15 000 personnes (dont beaucoup de femmes) suivront le cercueil recouvert, pour la première fois, de l'emblème national. Sa dépouille déposée au domicile de Cheikh Ahmed Bouda, à Belcourt, sera transportée à Guenzet, son village natal, à la demande de sa mère. Toute la population de Guenzet, et celle des villages avoisinants, l'attendaient pour un dernier hommage. L'hymne « Fidaou El Djazair » est composé en l'honneur du PPA et de son martyr. Selon Messali, Arezki avait sacrifié sa vie pour sauver la sienne, jugée plus nécessaire à l'Algérie. Arezki Kehal, un homme qui, en son temps, avait choisi de brûler sa vie par les deux bouts, parce qu'il voulait que sa destinée se confonde avec l'objet de sa passion, c'est-à-dire son pays. Beaucoup essaient de récupérer l'image de cet homme illustre et pourtant inconnu de la nation algérienne. Son père l'avait « ressuscité » dans les années 1980 pour une histoire de pension ; Abou Ali témoigne : « Kehal laisse derrière lui une femme, des enfants et une pauvre maman. » Symbole d'intelligence, de droiture, de courage et de sincérité, cet homme est mort pour l'indépendance de l'Algérie, à laquelle il a appelé avant les autres. Son pays l'a oublié, l'a mis au placard et c'est peut être mieux ainsi pour lui. Il n'aura pas besoin d'une licence de taxi, ni d'une pension. Un lycée à Harbil et une clinique à El Biar ont été baptisés du nom de ce martyr, que l'on sort à toutes les occasions du côté de Guenzet des Béni Yala. Nabil Lalmi N B : Cet article, rédigé par Nabil Lalmi peu avant sa mort, est publié à titre posthume