Les émeutes de Ouargla ont convaincu les pouvoirs publics d'une nécessaire révision du marché de l'emploi qui a donné lieu, à chaud, à un gel des sociétés de sous-traitance et à un redéploiement des démembrements locaux de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Ouargla. De notre bureau Le wali de Ouargla ne cesse de répéter à qui veut l'entendre que depuis son installation à la tête de cette wilaya en 2004, il a agi en directeur d'agence de main-d'œuvre en réorganisant les bureaux communaux, les dotant de matériel et d'encadrement. Tout en ne cachant pas sa conviction de l'existence de manipulations dans les rangs des chômeurs, M. Melfouf atteste que « la wilaya de Ouargla a la capacité de faire travailler tous ses enfants et plus encore pour peu que les bureaux de main-d'œuvre soient conscients de leurs missions et les fassent convenablement dans les règles de l'art ». L'insécurité prévaut dans les bureaux de main-d'œuvre ; il a fallu la mise en place d'un système de gardiennage pour préserver la vie des employés dont certains sont menacés physiquement – le chef de bureau de Hassi Messaoud a été victime d'un tabassage qui a failli lui coûter la vie. Enfin, l'agglutinement quotidien des demandeurs d'emploi entrave la bonne marche des services et empêche une possible organisation et un contrôle des offres. Selon le wali, le dossier de l'emploi ne cesse de constituer une source de malaise dans la wilaya de Ouargla. De son côté, l'APW voudrait apporter sa « contribution au traitement de ce gros dossier qui ne semble point bénéficier de l'intérêt voulu par les pouvoir publics », conclut le dernier rapport de la commission chargée de ce volet. Le rapport affirme qu'il y a eu une embellie : plus de 10 000 offres sont passées par l'agence locale durant l'année écoulée, mais les statistiques montrent que seuls 4000 demandeurs proposés par l'agence ont effectivement été embauchés ; restent donc 6000 postes qui ont bénéficié de recrutements directs. Entre autres dépassements enregistrés, les médecins généralistes qui sont tenus d'être diplômés en anglais et en informatique, les artisans qui ne sont pas testés dans leur spécialité – les tests se font d'ailleurs en dehors des ateliers. Sur 120 techniciens passés par les services de l'emploi, seuls 3 ont été recrutés. Les sociétés étrangères, en particulier, sont loin de respecter les lois de la République algérienne, conclut le rapport de l'APW, qui souligne le nombre de plus en plus élevé d'employés étrangers bénéficiant de permis de travail dans la zone pétrolière ; elles préfèrent de loin payer les amendes dérisoires encourues pour leurs infractions aux lois algériennes en général et au code du travail algérien en particulier. La multiplication par mille des amendes pour non-application du code du travail et recrutement direct sans passer par l'ANEM est d'ailleurs la principale revendication des élus de Ouargla, aujourd'hui.