Très bonne année pour la truffe blanche du désert, plus connue sous l'appellation terfas mais évidemment moins connue sous son nom scientifique terfezai ovalispora, champignon non hallucinogène qui pousse naturellement dans le sable au tout début du printemps. Habituellement de taille moyenne, le terfas, ou batata terfas, a atteint cette année des tailles très honorables (de la taille d'une grosse pomme de terre) grâce aux pluies abondantes qui sont tombées sur les régions sahariennes et qui ont malheureusement fait beaucoup de dégâts et victimes. A quelque chose malheur est bon, dans les déserts, aux abords des villes, on trouve en ce moment des centaines de familles dehors, la tête pointée vers le sol, ce qui peut intriguer les voyageurs de passage. Ces familles allient en fait sortie et cuisine, passant la journée dehors sous le beau temps à la recherche des truffes qui jonchent le sol et naissent sous une plante particulière, la tahawat (helianthemum lippii), que les spécialistes reconnaissent à ses petits pétales jaunes. L'éclosion du terfas est brève (on dit qu'il faut trois jours de pluie sans discontinuer pour qu'il naisse), ce qui rend sa cueillette et sa consommation particulières. Viandes Moins parfumée que sa cousine prestigieuse, la truffe noire d'Europe, elle est néanmoins odorante, a du goût et grâce à sa consistance unique, entre la pomme de terre et le champignon, se cuisine à toutes les sauces comme un champignon. Simplement à l'ail sur une poêle avec du beurre ou dorée puis mixée pour en faire une sauce pour les pâtes ou le riz, elle remplace les viandes, mais pas forcément, et peut même être incorporée à des pâtés maison et être transformée en crème. 800 DA le kilo à Alger et dans les grandes villes du Nord (jusqu'à 1000 DA dans certains marchés) contre 300 DA dans les villes du désert (Ghardaïa, Biskra, Béchar, El Oued) et même 150 à 200 DA la petite. Fraîches, elles se gardent une semaine maximum au réfrigérateur et certains les congèlent pour pouvoir les utiliser plus tard. Les terfas disparaissant en avril, avec plus ou moins d'incertitudes en ces temps de dérèglement climatique. Recherché ailleurs, le terfas est parfois exporté et on en trouve selon les années dans des marchés des pays du Golfe et d'Europe où il se négocie autour de 15 euros le kilo, le marché vers le Golfe ayant été raflé cette année par les Syriens qui passent en ce moment de telles quantités en fret par Air Algérie à destination de Dubaï que la compagnie nationale est débordée, obligeant les exportateurs à limiter les stocks. Ce qui assure quand même des bénéfices certains pour les exportateurs, une fois passés les obstacles bureaucratiques algériens et les embûches qui poussent naturellement dans les déserts de l'économie. Comme des champignons. Attention. Quelques spécialistes ont alerté les populations des environs de Reggane sur la nocivité possible des truffes (terfas) de la région, pouvant être contaminées par les explosions atomiques et nucléaires que la France a entreprises dans les années de la colonisation. Les champignons ont en effet ce pouvoir de transmettre de la radioactivité sur des générations. A consommer donc avec modération.