En effet, le gouvernement britannique vient de dévoiler un nouveau code de l'immigration qui repose sur un système «à points» semblable à ceux adoptés par l'Australie et les Etats-Unis. Celui-ci favorise donc l'entrée dans l'Union européenne des immigrés jeunes et bardés de diplômes et restreint l'accès à ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir fait des études dans les grandes écoles. Cette loi a été immédiatement qualifiée par des organisations de défense des droits de l'homme de «fuite des cerveaux déguisée, qui pénalise les pays du tiers-monde dont les cadres formés à coups de milliards de dollars par leur pays d'origine sont tentés par une expérience professionnelle en Occident». «Du coup, un continent comme l'Afrique perd, en moyenne, 10% de ses cadres chaque année», note le Joint Council for The Welfare of Immigrants (Conseil mixte pour l'accueil des immigrés). Il estime que ce nouveau système britannique «pourrait saper les efforts déployés pour mettre un terme à la pauvreté dans le monde». Il ajoute qu'«empêcher les immigrés qui ne sont pas ou peu qualifiés de s'installer au Royaume-Uni pourrait aboutir à la création d'une force de travail qui pourrait être victime de toutes sortes d'abus de la part d'employeurs peu scrupuleux». Le Premier ministre, Tony Blair, a défendu cette nouvelle politique de l'immigration en déclarant : «Nous voulons que des étudiants viennent dans nos universités et nous voulons de la main-d'œuvre hautement qualifiée dont notre économie a besoin, mais nous voulons prévenir les abus du système d'immigration». En d'autres termes, le lumpenprolétariat n'est pas le bienvenu. «Oui à la crème de la crème, non à la misère du monde», commente un membre d'une organisation de défense des droits de l'homme. Le nouveau code de l'immigration, qui repose sur un système à points, devrait entrer en vigueur à l'été 2007. Il prend en compte l'âge et les diplômes des candidats à l'immigration. Cinq catégories d'immigrés hors Union européenne ont été ainsi créées. Il s'agit d'ingénieurs, d'informaticiens et de financiers qui seront les seuls à être autorisés à entrer et à s'installer en Grande-Bretagne sans offre d'emploi préalable. Pour leur part, les enseignants, les infirmiers, les comptables et autres techniciens supérieurs pourront aussi combler les secteurs manquant de main-d'œuvre qualifiée. Cependant, ils ne bénéficieront d'aucune offre d'emploi et ne pourront pas s'installer dans le pays. Pour les travailleurs peu qualifiés, c'est le parcours du combattant. Il leur faudra au préalable répondre à des offres d'emploi bien définies durant une période fixée à l'avance et avec l'assurance qu'ils quitteront le Royaume-Uni à la fin de leur contrat. Afin de s'assurer qu'ils n'essaieraient pas de s'y installer de manière illégale, le gouvernement étudie la possibilité de verser leurs salaires sur des comptes bancaires dans leur pays d'origine. Les étudiants et les sportifs sont soumis à un régime tel qu'il leur est impossible d'envisager de s'installer dans le pays hôte.