Sous pression des courants europhobes et des chiffres de l'immigration, David Cameron a détaillé vendredi ses mesures pour juguler l'afflux d'immigrés européens et mis dans la balance l'avenir du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Dans un discours très attendu mais que certains espéraient plus musclé, le Premier ministre britannique a plaidé pour une limitation des prestations sociales destinées aux travailleurs issus de l'UE, abandonnant toutefois l'idée d'instaurer des quotas d'entrée. «Nous voulons créer le système le plus intransigeant d'Europe pour contrer les abus de la libre-circulation» et «freiner l'afflux exceptionnellement élevé d'immigrés venus du reste de l'UE», a-t-il martelé. Le plan nécessitera un changement des traités européens, a-t-il admis, ce qui rend sa mise en œuvre incertaine. L'UE s'est dite prête à discuter «avec calme et prudence» des propositions britanniques. Celles-ci préconisent un délai de quatre ans avant que les immigrés puissent accéder à certains avantages, comme le crédit d'impôt ou le logement social. Une mesure qui vise d'abord les travailleurs peu qualifiés venus en particulier de l'Europe de l'Est. Jeudi, l'Office national des statistiques (ONS) a révélé une envolée de 468% du nombre de Roumains entrés au Royaume-Uni entre juin 2013 et juin 2014. Le solde positif migratoire toutes nationalités confondues s'établit à 260 000 (+39%), réduisant en cendres les promesses du gouvernement de le ramener sous la barre des 100 000 par an. Un immigré ne devrait pas venir au Royaume-Uni sans offre d'emploi et sera prié de quitter le pays au bout de six mois s'il n'a pas trouvé de travail, a ajouté M. Cameron qui dit vouloir revenir aux politiques mises en place dans les années 1980 par Margaret Thatcher. «Les Britanniques ne veulent ni une immigration débridée ni une immigration zéro, ils veulent une immigration contrôlée et ils ont raison», a-t-il souligné, brièvement interrompu par le déclenchement d'une alarme. Celle qui sonne «à la Commission européenne», a-t-il plaisanté. D'autres pistes évoquées ces dernières semaines, comme instaurer un plafond sur le nombre d'immigrés, ont en revanche été abandonnées, face à l'opposition ferme de ses partenaires européens qui lui ont rappelé le caractère intangible du principe de libre circulation des personnes en Europe.