Louisa Hanoune n'attire plus les foules. Cependant, même si l'assistance présente hier à la salle omnisports de Skikda ne ressemblait en rien à celle des anciens meetings du PT, Louisa Hanoune aura tout de même réussi à enclencher un virage assez virulent, ciblant le pouvoir et surtout l'APN. Elle a mis toute sa fougue et sa verve d'oratrice pour répondre au président candidat, sans jamais le nommer, au sujet des « acquis » de son deuxième mandat. Elle dira : « J'ai entendu un responsable faire la promesse de créer trois millions de postes d'emploi. Voilà donc la preuve toute faite et par les chiffres que le taux réel du chômage en Algérie est de 30%, puisqu'il y a tant de main-d'oeuvre au chômage alors qu'on s'obstinait des années durant à cacher la vérité. De ce fait, il est temps qu'on pense à créer une institution autonome qui aura en charge de suivre l'évolution du chômage en Algérie. » Se référant à l'élection du président américain Obama, elle dira : « On vous raconte que les jeux sont faits. Ne les croyez pas. L'espoir est toujours permis. » Par ailleurs, Louisa Hanoune, a entamé sa campagne à partir de Sétif où elle a animé un meeting, jeudi. Le choix de la secrétaire générale du PT n'est pas fortuit, sachant que la wilaya de Sétif est la deuxième du pays en nombre d'électeurs estimés à plus 833 000. Avant d'entamer son discours s'apparentant à un véritable réquisitoire à l'adresse du pouvoir actuel, Mme Hanoune a tenu à présenter des excuses à l'assistance à propos de son retard, causé par le non-respect des horaires de vol par la compagnie Air Algérie : « Le retard du décollage de l'avion n'incombe ni au PDG ni aux travailleurs de la compagnie nationale. Il est le fait des décideurs qui ont refusé de débloquer les 9 milliards pour le renouvellement et le renforcement de notre flotte aérienne. Ces gens, qui se sont permis le luxe de tourner le dos à la compagnie qui résiste grâce au dévouement et à la compétence de son personnel, oublient qu'Air Algérie n'est pas un bien privé », a souligné d'emblée l'oratrice, estimant que l'élection présidentielle est une occasion inouïe de rompre définitivement avec les anciennes pratiques politiques. « Le peuple aspire à une véritable rupture avec les politiques rétrogrades, incapables d'aider le pays à sortir du tunnel. La crise économique qui secoue actuellement l'Occident est une autre preuve du déclin du capitalisme », a affirmé Mme Hanoune, qui égratigne le président-candidat sans pour autant le nommer : « Nous n'avons ni méchoui à offrir ni argent à distribuer à gauche et à droite, comme le font certains. J'ai appris que le patronat s'est positionné en faveur d'un candidat, il est libre de le faire », a martelé la chef de file du PT, qui ne s'est pas empêchée de s'attaquer à ses collègues députés. « Les députés issus d'élections entachées d'irrégularités n'ont aucune légitimité. Ayant refusé de majorer le SNMG, d'octroyer une allocation chômage, ces élus qui touchent mensuellement 30 millions de centimes ont ainsi tourné le dos au peuple qu'ils ne représentent pas », a affirmé la candidate du PT. K. B., K. O.