Les agriculteurs saisonniers, ne bénéficiant pas de circuits officiels d'appui au secteur, restent confrontés à une multitude de problèmes. Sadek, un chômeur converti en fellah, comme beaucoup d'autres jeunes, nous raconte ses déboires. A commencer par ceux impliqués par la location des parcelles à cultiver. Il faut payer le prix de la location avant la récolte, ce qui demande un effort financier important. Mais ce qui semble le plus pénaliser ces fellahs, c'est de devoir changer de parcelles chaque année, puisque les propriétaires des terres revoient souvent les prix de la location. « Cela compromet énormément l'effort de préparation des terres », explique notre interlocuteur. Quand le lopin à travailler est enfin trouvé, il faut bien entendu espérer que les conditions climatiques seront favorables, moins chaotiques en tout cas que celles vécues cette année. En effet, les précipitations, exceptionnellement importantes et étalées dans le temps, ont par exemple abîmé les foins et généré la prolifération de parasites. « Les taux élevés d'humidité favorisent l'apparition de germes destructeurs, et la fréquence des pluies nous empêche de les traiter. » Tout cela fait que les rendements risquent d'être faibles cette saison, à en croire le jeune fellah qui a tenté également la production de la tomate. L'apparition récemment de rongeurs dans les champs complique la situation. Leur appétit vorace fait de gros dégâts dans les plantations. Sadek estime ses pertes personnelles à près de trois tonnes, équivalent à environ 25 000 DA. Heureusement que la conserverie d'El Kseur, qui ouvre ses portes ces-jours ci, permettra à ces jeunes de sauver ce qui reste de leur production.