Cependant, ce qui est sûr, c'est que cette catégorie de citoyens continue, selon nos sources, à vivre dans l'isolement accentué ces dernières années par la quête difficile d'une véritable insertion socio-professionnelle rendue plus accrue en raison du chômage qui frappe actuellement plusieurs communes. Ajoutons que si quelques-uns arrivent à s'en sortir grâce au soutien des associations de sourds-muets, ceux-ci se comptent sur les doigts d'une main. L'exemple des 7 bénéficiaires de crédits octroyés par le ministère de la Solidarité nationale et de l'Emploi est à ce titre édifiant. En effet, les sourds-muets d'El Amra (nord-ouest de Aïn Defla) pourront faire démarrer leur petite entreprise de travaux de menuiserie, mais, dans cette commune, ils sont 70 dont une vingtaine de femmes en attente d'une activité rémunérée et depuis longtemps, selon un membre de l'association locale des sourds-muets. Soulignons en outre que 70 dossiers de personnes handicapées ont été acceptés par l'Agence nationale de gestion et microcrédit (Angem) et attendent l'aval des banques. Une école sans orthophoniste Au chef-lieu de wilaya, l'école des sourds-muets fonctionnelle depuis trois années accueille 44 élèves venus des quatre coins de la wilaya. Dans cette école, un personnel éducatif encadre les élèves, sans la présence d'un orthophoniste. Pourtant, les appareils d'audiométrie existent, mais ils sont soigneusement rangés, selon nos interlocuteurs. «On attend l'ouverture d'un poste budgétaire, sinon on sera obligé de recruter dans le cadre du contrat préemploi (CPE)», interviendra à ce sujet, le directeur de la DAS. Quant aux membres du personnel pédagogique, certains soulèveront des aspects relatifs à leur situation professionnelle qu'ils voudraient améliorer en accédant au rang d'éducateur spécialisé après plusieurs années de service dans les structures de la DAS. A noter que l'école bénéficiera bientôt du régime d'internat, ce qui permettra aux élèves sourds-muets de la région d'El Attaf de ne plus se déplacer jusqu'à l'école de Chlef. Enfin, ajouteront nos interlocuteurs, l'élève sourd-muet est surtout confronté à l'incompréhension de la société, car le langage des signes s'arrête à l'école. D'autres souhaitent que les services de la DAS procèdent à un recensement minutieux de tous les enfants sourds-muets ou souffrant d'autres handicaps afin qu'ils intègrent les structures spécialisées de la wilaya, d'autant que le centre psychopédagogique situé au quartier Mazouni est en voie d'achèvement et pourra accueillir quelque 120 pensionnaires.