Les trois centres de prise en charge psychopédagogique de la wilaya de Boumerdès sont saturés. Les enfants aux besoins spécifiques de la wilaya de Boumerdès vivent une situation préoccupante. Le rapport établi récemment par les élus de l'APW sur le secteur de la solidarité fait état de 8000 enfants environ souffrant de multiples handicaps dans la région. Privés d'école et d'une bonne prise en charge, la plupart d'entre eux ont du mal à s'intégrer dans la société. Malgré la signature d'une convention entre le ministère de l'Education et celui de la Solidarité nationale, rares sont ceux qui fréquentent les bancs de l'école. La direction locale de l'éducation fait état de 146 élèves qui vont suivre les cours cette année au niveau de 14 classes du primaire et 2 du secondaire ouvertes à cet effet dans différentes communes de la région. Un nombre qui reste en deçà de la forte demande enregistrée de la part des parents qui se bousculent devant les établissements scolaires et les centres spécialisés pour y inscrire leur progéniture en vue d'apprendre à lire et à écrire. Aujourd'hui, la réalisation de ce vœu n'est à pas à portée de la main. Le président de l'Association de wilaya des trisomiques 21, M. Badaoui, fait état de centaines d'enfants souffrant de cette pathologie qui n'ont pas réussi à s'inscrire à l'école faute de place. «On a recensé des dizaines d'enfants qui ont dépassé l'âge de la scolarité. Ces enfants doivent suivre les cours dans des classes spéciales afin de ne pas perturber la scolarité des autres élèves. Or, de nombreux directeurs rejettent notre demande au motif du manque de salles. Le drame c'est que même leurs enseignants, dont la plupart ont suivi des études de psychologie, ne sont pas rémunérés comme leurs camardes du secteur. Ils sont recrutés par la DAS dans le cadre des dispositifs du préemploi », déplore-t-il. Les projets de centres psychopédagogiques prévus dans les localités de Boudouaou, Issers et Baghlia sont bloqués depuis plusieurs années. Tandis que ceux se trouvant à Thénia, Tidjelabine et Khemis El Khechna sont saturés. Dotés d'une capacité d'accueil de 80 à 120 élèves, ces structures fonctionnent avec des moyens humains dérisoires. «Je connais des parents qui attendent d'y inscrire leurs enfants depuis 6 ans», indique M. Badaoui. Malgré ces difficultés, notre interlocuteur affirme que son association n'est pas près de renoncer à sa mission. Au problème du manque d'encadrement, il se dit prêt à ramener et payer les orthophonistes et les psychologues qui vont assurer les cours à leurs enfants. «Pour peu qu'on nous donne des salles au niveau des écoles primaires», dit-il, ajoutant avoir déjà transformé le siège de leur association à Boumerdès en centre d'orthophonie. Contrairement aux trisomiques 21, les enfants sourds-muets et les autistes n'ont toujours pas de structures devant défendre leurs droits. Aujourd'hui, de nombreux parents ignorent ce qu'est l'autisme et ne font pas de dépistage précoce à leurs enfants pour pouvoir engager le processus de prise en charge. Un problème épineux dû en partie au manque de médecins spécialistes en Algérie, notamment les pédopsychiatres, et d'établissements de prise en charge adaptés.