Hier après-midi, le président du groupe de l'Union pour la majorité parlementaire UMP au Parlement, Bernard Accoyer, a annoncé que les «négociations entre les parlementaires de droite et les centrales syndicales et les organisations étudiantes et lycéennes allaient s'ouvrir dès mercredi». Le même interlocuteur souhaite «tourner la page de la confrontation» et «engager des discussions profondes et globales avec l'ensemble des acteurs sociaux». Tout en se disant favorables pour reprendre le chemin des discussions, les syndicats ont, néanmoins, précisé qu'ils «ne veulent pas parler de simples aménagements du CPE, mais de son retrait final». Sur le terrain, les manifestations ont drainé un nombre de personnes comparable au 28 mars dernier, dans plusieurs dizaines de villes de l'Hexagone. A Paris, le cortège s'est ébranlé de la place de la République en direction de la place d'Italie dans le 13e arrondissement. Les mêmes slogans, hostiles au CPE et au gouvernement, ont été scandés par les marcheurs, visiblement contents d'avoir remporté la bataille en attendant de gagner la guerre. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT a indiqué «qu'un à trois millions de personnes ont pris part à la manifestation d'hier». La veille, le syndicaliste avait invité les Français, notamment les jeunes, à «porter un coup fatal au CPE». L'appel a été entendu, selon François Chérèque, président de la CFDT, qui constate que «les gouvernements et les politiques sont en train de reculer». Estimant que «la journée était réussie», le même interlocuteur a invité tous les manifestants «à se mobiliser jusqu'au retrait total du CPE». Encore une fois, ce sont les étudiants et les lycéens qui ont scandé haut et fort les slogans de la contestation, notamment dans les villes universitaires comme Bordeaux, Montpellier, Rennes ou Nantes. Pour Bruno Julliard, président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), «les tentatives du gouvernement d'atteindre la mobilisation en renvoyant des messages contradictoires se sont retournées contre lui». Il a également reconnu que «le discours de Chirac était le meilleur facteur de mobilisation». Sur le plan politique, alors que Sarkozy est appelé à la rescousse de Villepin, certains députés de droite évoquent, d'ores et déjà, l'abrogation pure et simple du CPE. «On ne s'en sortira pas sans faire un geste», avait indiqué un député réformateur, proche du ministre de l'Intérieur. «Il faut inscrire noir sur blanc que l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances (ndlr, portant création du CPE) est abrogé.» Déclarant que «le CPE est mort», le même député avait invité hier ses collègues à «être sans tabou». Après onze semaines de contestation, c'est Dominique de Villepin qui semble avoir perdu la manche. Sarkozy, que la gauche qualifie de «contorsionniste», à cause de ses attitudes contradictoires, devra marcher sur les œufs pour ne pas susciter, de nouveau, le courroux des jeunes et des syndicats. Embusqués, les hommes politiques de gauche semblent suivre les événements avec délectation. Ils rappellent à qui veut les entendre que «personne ne peut dire désormais que la gauche et la droite, c'est la même chose».