Ce dernier à (r)ouvert, jeudi, les hostilités sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale en dénonçant l'attitude de son partenaire. «On ne peut pas dire je ne me présenterai pas contre Bouteflika et rejeter dans le même temps la révision de la Constitution.» Cette réplique sèche de Belkhadem à Ahmed Ouyahia renseigne on ne peut mieux que les passes d'armes entre les deux hommes sont loin d'être des commérages d'une presse en mal d'inspiration. Et la voix grave du secrétaire général du FLN en répondant à la question de notre confrère de la radio en dit long sur tout «l'amour» qu'il porte à son partenaire au sein de l'Alliance présidentielle. En un petit tour de phrase, Belkhadem suggère «un double langage» dans le discours d'Ouyahia. Pour lui, la contradiction dans l'attitude du chef du gouvernement est «saisissante». Je me demande comment d'un côté il affirme ne pas se présenter contre Bouteflika et il refuse de l'autre la révision de la Constitution qui se trouve être la seule voie permettant à ce dernier de briguer un troisième mandat ! L'invité de la radio s'exclame devant cette «contradiction» de Ahmed Ouyahia mais il évite soigneusement de citer sa cible nommément. Son ton désabusé trahit cependant sa volonté de «lyncher» une fois de plus et publiquement un partenaire qui commence à devenir très encombrant, voire gênant au point de compromettre le respect strict de la «feuille de route» qui mène à 2009. Et pour cause, Abdelaziz Belkhadem réitère, séance tenante, que lui et son parti sont tout à fait et plus que jamais engagés à soutenir Bouteflika pour un troisième mandat «si il le veut». «Notre attitude n'a pas changé, si le président de la République veut postuler à un troisième mandat, nous le soutiendrons sans réserve.» Mais il y a cet os qu'est Ahmed Ouyahia. Et en dénonçant ses positions en des termes diplomatiques pour sauver les formes Belkhadem souhaite vouer le patron du RND aux gémonies et le «vendre» sur la place publique comme étant l'empêcheur de tourner en rond dans le processus menant à un troisième règne à Bouteflika. Ceci d'autant plus que sur le principe, il n'a pas tort en ce sens que seule une révision de la Constitution peut assurer un troisième mandat à Bouteflika, faute de quoi aucune autre argutie juridique ne lui permettra d'obtenir le précieux sésame. Le secrétaire général du FLN pense peut-être que le temps était venu de tordre le cou à Ouyahia, à une année des élections législatives, pour d'un côté freiner l'élan du RND et de l'autre lever, dès maintenant, l'hypothèque de son secrétaire général plus que jamais convaincu qu'il est promis à un destin national. A présent, on est plus dans les échanges à fleurets mouchetés. Entre Belkhadem et Ouyahia, la guerre est désormais relancée et le ton montera sans doute dans les jours à venir. En déclarant qu'il ne se présenterait pas contre Bouteflika, Ouyahia a-t-il eu des assurances de son Président qu'il n'allait pas postuler à un troisième mandat ? Veut-il au contraire forcer la main à Bouteflika de remettre les clefs de la maison en 2009 sous l'inspiration de certaines sphères de décision ? Enfin, Belkhadem s'exprime-t-il en son propre nom uniquement ou est-il un vrai chargé de mission ? Les paris sont ouverts.