En parlant d'investissement, M. Aoun fait allusion aux «partenaires» de Saïdal dans le projet de réalisation de la première usine d'insuline en Algérie qui sont Novo Nordisk, les trois Pharms et Pierre Fabre. Ceux-ci devaient monter l'usine et fabriquer l'insuline pour les besoins des insulino-indépendants avant qu'ils se montrent, selon lui, d'une «inertie» incroyable, poussant Saïdal à concrétiser le projet sans eux. Pour M. Aoun, le manque de volonté de fabriquer de l'insuline en Algérie est dès le début remarquable chez ces «partenaires». Il se dit même convaincu qu'ils n'ont jamais eu «l'intention» de le faire. Preuve en est, selon lui, dans le fait que ces mêmes partenaires sont en train d'investir à Tizi Ouzou dans «les formes sèches (qui sont) destinées non pas aux insulino-indépendants, mais aux diabétiques de type 2». Le PDG de Saïdal parle de «deux tentatives» visant des équipements «essentiels» de l'usine. Il refuse de dire quels types d'équipements, mais laisse entendre que ce sont les organes clefs de la fabrication. Ces «deux tentatives de sabotage» ont eu lieu pendant les quinze jours précédant l'inauguration de l'usine par le président Bouteflika le 16 avril courant. C'est le jour de l'inauguration que le chef de l'Etat a dénoncé «ces tentatives», promettant de trouver ceux qui étaient derrière. S'il considère ces tentatives comme «une suite logique» des méandres par lesquels est passé le projet, M. Aoun ne donne pas de noms. «Je n'ai aucune idée… L'enquête est en cours. Nous ne la gênons pas», précise-t-il. M. Aoun indique que l'usine a commencé la production depuis deux mois. «Nous sommes en train de constituer un stock pour qu'il n'y ait pas de rupture une fois le produit mis sur le marché», note-t-il. «concurrence déloyale» Le choix d'Aventis comme partenaire est dicté, explique M. Aoun, par le fait que ce laboratoire franco-allemand est déjà en partenariat dans d'autres projets avec Saïdal, mais il est aussi le fournisseur de l'Algérie en insuline. Grâce à cette usine, Saïdal couvrira à 100% le marché national jusqu'en 2011. Réalisée avec 13 millions d'euros, cette usine fabriquera 5 millions d'unités de vente par an. Le prix de vente sera de 450 à 500 DA. M. Aoun estime qu'avec ce prix, on est déjà loin des prix internationaux, voire même du prix référentiel appliqué par la CNAS. Il considère, en outre, que cette usine «va gêner les groupes d'intérêts». Sans donner plus de détails. Le PDG de Saïdal revient également sur la fabrication en cours du Tamiflu (antiviral) qui a atteint 35 000 boîtes. Selon lui, Saïdal fabriquera 6 millions de boîtes d'ici à la fin de l'année en cours. Il ira jusqu'à avoir un stock correspondant aux normes recommandées par l'OMS. Cette dernière recommande aux pays de posséder des stocks de Tamiflu à même de couvrir 25% de la population. M. Aoun estime que l'importation du Tamiflu par l'Etat algérien ne gênera pas la production de Saïdal qui saura lui trouver des débouchés. «Le Tamiflu peut être utilisé pour le traitement des autres grippes», souligne-t-il tout en souhaitant que l'importation de ce médicament soit arrêtée. Le premier responsable de Saïdal dénonce la «concurrence déloyale» sur le marché national en parlant de lobbies qui cherchent à casser la production nationale. L'Algérie, selon lui, doit diversifier ses sources d'importation de médicaments, car il trouve que certains laboratoires ont presque pris le monopole du marché national. Sans aller au fond de son idée. Evoquant le projet de fabrication de la trithérapie pour les sidéens, M. Aoun affirme que ce projet est maintenu. Outre cela, l'invité de la Chaîne III indique que l'application par la CNAS des tarifs de référence a fait augmenter les ventes en générique de Saïdal à hauteur de 100%. «Notre chiffre d'affaires est allé de 35 millions de dinars/jour à 70 millions de dinars/jour», précise-t-il. Selon lui, le chiffre d'affaires de Saïdal est de 7 milliards de dinars. M. Aoun estime que les parts de marché en volume de son groupe sont de 45%, contredisant ainsi les chiffres avancés par le ministre de la Santé, Amar Tou, qui disait que les parts de marché de ce même groupe sont de 25 à 30%. Considérant Saïdal comme «le leader régional», M. Aoun parle de la présence depuis 4 ans de ses produits dans six pays étrangers, à savoir le Niger, le Sénégal, le Yémen, le Soudan, le Mexique, l'Italie et le Burkina Faso. Ils seront disponibles bientôt au Mali. Cette présence représente 80 millions de dinars en chiffres d'affaires. Pour M. Aoun, si cela paraît insignifiant, il reste que le plus important est de se placer sur le marché international. Revenant sur l'ouverture de capital du groupe annoncée à hauteur de 20 %, le PDG de Saïdal précise que «les discussions sont avancées avec des partenaires». Sans les indiquer. D'après lui, les 20% placés en bourse n'ont eu «aucun impact» sur le groupe.