L'hebdomadaire économique londonien The Business notait hier que «cette hausse vertigineuse des prix s'explique par une demande sans cesse croissante soutenue par une forte croissance économique mondiale en Asie et dans le reste du monde, ainsi que par les crises politiques au Nigeria, en Iran et en Irak». Ces hausses «irrésistibles» des prix du brut sont évoquées dans un sondage effectué par l'institut de recherche Idealglobal la semaine dernière et dont les résultats ont été publiés par The Business. «Le prix moyen sera un peak” de 85 dollars le baril cette année, avec des prévisions de 90 dollars également au cours de l'année en cours», note Idealglobal. Le Wall Street Journal, pour sa part, cite des experts pétroliers qui estiment que le prix du baril atteindra les 100 dollars en 2007. Philip Vergeler Jr, «un consultant du Colorado», indique à ce sujet qu'«il n'y a pas de raison à ce que le prix du brut s'arrêtera à 100 dollars le baril», ajoutant que «ce niveau sera vraisemblablement atteint en 2007 ou 2008». De son côté, Kevin Norrish, analyste chez Barclays Capital, cité par l'agence Reuters, note que dans les circonstances actuelles, «le prix de 80 dollars sera atteint et même plus que cela», ajoutant que «toute perte majeure de la production sera suivie par une hausse majeure des prix». Deborah White, analyste chez SG CIB Commodities, basée à Paris, indique, quant à elle, que «la question est de savoir comment la situation va évoluer», estimant que «le seul seuil que je peux envisager est un prix de 85 dollars le baril». Julian Lee, consultant au Centre for Global Energy Studies, fondé par l'ancien ministre saoudien du Pétrole, cheikh Zaki Yamani, indique que les données telles que la demande et l'offre ne justifient pas un prix du brut de plus de 70 dollars le baril, mais les problèmes d'approvisionnement sont en mesure de pousser les prix vers d'autres cimes. Il s'interroge : «Assisterons-nous à un prix de 80 dollars ? Oui car on s'approche de l'été et les craintes d'une perturbation des approvisionnements deviennent de plus en plus accrues.» Les analystes pétroliers estiment que ces hausses ne s'arrêteront pas de sitôt. En plus des crises politiques citées plus haut, qui continueront à affecter les prix du brut, les places financières internationales semblent subir le coup sans trop de dégâts. The Business indique à ce sujet que «les Bourses dans le monde ont continué à grimper. Wall Street a préféré donner la priorité aux suggestions du président de la Banque fédérale américaine, Ben Bernanke, que le cycle à la hausse des taux d'intérêt est peut-être arrivé à sa fin. Du coup, la Bourse s'est emballée. Les Bourses à Hong Kong, Tokyo et en Europe ont également subi de fortes hausses. A Londres, le Footsie a gagné plus de 100 points au cours de la semaine dernière, atteignant la hausse la plus forte de ces cinq dernières années». Le Financial Times explique aussi que la montée spectaculaire des prix du pétrole «n'a pas affecté la performance de l'économie américaine qui a dû croître à un rythme de 4,9% au cours du premier trimestre, selon des chiffres qui seront publiés la semaine prochaine». «Ajoutez à tous ces indices le fait que l'économie mondiale, selon le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, connaîtra une croissance de plus de 4% au cours de l'année en cours, et l'on comprendra facilement pourquoi la panique n'est pas à l'ordre du jour», note le Wall Street Journal.