La campagne électorale pour l'élection présidentielle du 9 avril prochain, qui s'apprête à boucler sa première semaine, se distingue de celle de l'élection présidentielle de 2004 dans le ton utilisé par les candidats qui affrontent le président candidat Abdelaziz Bouteflika dans une compétition électorale dont il faudrait être naïf pour croire qu'elle recèle un quelconque enjeu. D'ailleurs, Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs, Djahid Younsi d'El Islah, Fawzi Rebaïne de Ahd 54, Mohamed Saïd, candidat indépendant, Moussa Touati du Fna l'ont bien compris, eux qui ont bâti leur stratégie électorale en ciblant tous dans leurs meetings de campagne Bouteflika et son bilan, de manière frontale ou avec des propos nuancés. C'est selon. Si lors de la dernière élection, la campagne électorale avait commencé sur les chapeaux de roues animée notamment par deux candidats : Benflis et Sadi, qui s'étaient investis, sans complexe et avec la conviction, surtout pour le premier, que l'heure du changement était arrivée, la présente campagne se caractérise par un manque pour ne pas dire absence de combativité des concurrents de Bouteflika qui ménagent manifestement ce dernier, alors que le bilan du président sortant leur offre une matière inépuisable pour affaiblir leur adversaire commun. C'est comme un boxeur qui gesticule sur le ring sans prendre le moindre risque ou initiative d'attaquer son sparring-partner. Sauf que dans le noble art, l'arbitre peut disqualifier l'un ou les deux boxeurs qui refusent d'entrer dans le jeu, de croiser les gants. Les 5 candidats qui se défendent des accusations portées contre eux par les milieux des boycotteurs de servir de décorium dans ce scrutin sont sommés, pour gagner la confiance des électeurs, de démontrer dans les faits qu'ils ne sont pas de simples potiches. Passées les premières journées de la campagne électorale, qui sont traditionnellement des rounds d'observation, certains candidats, notamment Fawzi Rebaïne, commencent à asséner des coups au candidat Bouteflika là où cela pourrait faire mal. En axant sa campagne sur le fait qu'il ne faudrait rien attendre d'un candidat qui promet monts et merveilles s'il est élu pour un troisième mandat, alors qu'il a, selon lui, échoué sur toute la ligne à l'issue de ses deux mandats successifs ; en interpellant les jeunes autour d'un café s'ils se sentent bien dans leur peau, s'ils ont reçu leur obole des richesses du pays. Des questions pertinentes et ciblées qui valent sans doute plus que tous les discours surpolitisés, rébarbatifs sur les moyens de sortie de la crise. Comme si l'Algérie était une terra nulius avant ce scrutin, n'a pas de dirigeants qui sont responsables de leur gestion devant leur peuple. Jusqu'à présent, contrainte et forcée par le cahier des charges de la campagne électorale, l'Entv joue le jeu en diffusant certains morceaux choisis qui détonent et étonnent en même temps le téléspectateur dans le climat aseptisé dans lequel se déroule cette campagne. Quelque part, Bouteflika trouve bien son compte dans ces attaques à fleurets mouchetés de la part de ses concurrents qui sont loin de l'ébranler ou de changer le cours des événements. Il s'en sert pour répondre à ceux qui qualifient de lièvres tous les candidats qui se sont investis dans ce scrutin boudé par une partie de la classe politique et qui considèrent que les jeux sont déjà faits.