Les chiffres communiqués par le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), la Gendarmerie nationale et la direction de la Sûreté nationale parlent tout simplement d'un génocide. Que ce soit sur le plan humain ou matériel, les accidents de la route coûtent cher au pays et à son économie : de plus en plus de morts, de blessés et de handicapés. Un bilan auquel il faut ajouter l'ampleur des pertes matérielles (100 milliards de dinars annuellement). De 1970 à 2005, on a dénombré plus de 1 million d'accidents ayant coûté la vie à 118 752 personnes et 1 309 244 autres blessées. Durant le premier trimestre 2006, la police a recensé 3718 accidents. Rien que pour l'année dernière, plus de 39 000 accidents de circulation ont été enregistrés, engendrant 3711 morts et 58 082 blessés. «Pour l'année 2005, nous avons enregistré 3711 morts et 58 082 blessés dans 39 233 accidents de la circulation», a déclaré Hachemi Boutalbi, directeur de l'institut national de la prévention et de la sécurité routière, à l'occasion de la journée parlementaire sur la loi relative à l'organisation de la sécurité routière. Une journée organisée, hier, à l'APN, par la commission des transports, des communications et télécommunications. Une année après sa mise en application, le nouveau code de la route n'a pas permis de réaliser l'objectif visé par les autorités : réduire l'ampleur du «terrorisme routier». Il est vrai, selon les statistiques du CNPSR, que durant l'année 2005, l'Algérie a enregistré une décrue du nombre d'accidents et de victimes en comparaison avec les années précédentes. «Le nombre d'accidents en 2005 a diminué de 15% par rapport à 2004. Le taux d'accidents graves a également reculé en allant de 10 morts pour 100 accidents à 9 morts pour 100 accidents. En tout, nous avons enregistré une diminution du nombre d'accidents ( 11%), le nombre de décès ( 15%) et les blessés (10,25%)», a précisé le directeur du CNPSR. Toutefois, il ne faut pas crier victoire. L'Algérie est toujours classée à la première place, au niveau du monde arabe, en matière d'accidents les plus meurtriers. Malgré les quelques résultats qu'il a enregistrés, le nouveau code de la route souffre de certaines insuffisances. Pour Hachemi Boutalbi, les responsables du ministère des Transports, la gendarmerie et la police, beaucoup reste à faire en matière de réglementation pour juguler ce phénomène. Afin d'arrêter l'hécatombe, les participants à cette journée parlementaire ont appelé les gendarmes et les policiers à appliquer rigoureusement les dispositions du code de la route. Cependant, les responsables de la gendarmerie et de la police soulèvent la question des insuffisances dans la législation en vigueur qui ne leur permet pas de sanctionner les chauffards et les contrevenants. Cela n'est pas de l'avis du ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui. Ce dernier s'est montré plutôt satisfait des résultats réalisés jusque-là. «Les accidents de la route coûtent plus de 50 milliards de dinars à l'économie nationale. Les résultats réalisés sont satisfaisants», a-t-il affirmé. Mais, selon lui, il faut réviser au fur et à mesure les dispositions de cette loi dans le but d'améliorer la sécurité routière.