L'événement a eu lieu en octobre dernier à la salle Ibn Zeydoun d'Alger. Particulièrement émouvant, ce film est vivement acclamé. C'est que les spectateurs, aussi, aimaient Aziz… le premier groupe de la soirée est Italien, Z. U. Comme pour atténuer la peine de tous et toute l'émotion qui s'est dégagée du film, le trio «diabolique» détourne pour quelque temps l'attention du public. Musique hydro-sincratique avec batterie, basse et saxophone, les jeunes musiciens semblent si sages qu'on ne s'attend pas à une telle représentation. Entre le free jazz, le hard-core, le noware et le métal, Z. U. se démarque autant par le son que par le jeu. Des instruments sont largement exploités : Massimo Pupillo ne s'arrête pas à l'usage classique de sa guitare, il l'a gratte avec un tournevis, il frotte le manche au sol et à la batterie… Hyper surprenant, le groupe ne plaît pas à tout le monde. Pourtant, ces rapports quasi violents avec les instruments séduisent une horde de jeunes, qu'on retrouvera à la sortie du théâtre entourant fiévreusement les trois musiciens. Ces derniers, habitués à ne pas plaire systématiquement sont tout de même comblés par l'acclamation du public. Beaucoup de tension évacuée, mais juste pour un temps. La clôture se fera avec un autre style. Africain. Si cher à Aziz qui clamait haut et fort que le jazz est partie de chez nous et d'Afrique. Foofango, accompagné du saxophoniste belge, Pierre Vaiana, c'est encore plus d'émotion. Ce dernier musicien nous racontait quelques heures avant la soirée que Aziz avait beaucoup insisté pour que cette formation soit présente au Dimajazz. Son vœu est exaucé. Ces musiciens sont là pour lui et pour honorer sa mémoire. Celebrating Aziz ! Donc, saxophone, guitare, basse, batterie et différentes percussions africaines, dont le très spécial Dosso N'goni, du génial percussionniste Zoumana Dembelé, offre symboliquement un autre souffle au Dimajazz. Foofango signifie, en effet, souffle de vie en foulfouldé, langue des peuls de Burkina Faso. L'effet est magique, captivant. Rythme africains, chants et percussions traditionnels fusionnent sur de longues plages d'improvisation. Une grande joie est ainsi transmise au public grâce à cette rencontre de génies. Pierre Vaiana, qui évoque beaucoup Aziz, raconte que lors de l'une de leurs discussions, ils s'étaient rendus compte que l'arabe et le sicilien (langue des parents du saxophoniste), ont beaucoup en commun. «En Sicile, on met des petites graines appelées juljulanies sur le pain», dit-il en faisant allusion au «jinjlane», ou au sinouj ! Quelques morceaux plus loin, il intervient encore pour se rappeler des souvenirs qu'il a dans cette ville et avec Aziz. «On nous a dit que Aziz est parti, mais ce n'est pas vrai, je l'ai vu, il est partout dans toutes les notes de musique, à chacune des soirées de ce festival !», continue le saxophoniste avec l'accord du public applaudissant avec vivacité. Et la musique reprend de plus belle. Puis les musiciens se retirent, laissant le public en tête-à-tête avec Zoumala Dembalé pour une conversation en langue internationale du tambour. Un moment fort et riche de rythme et de performances. Ce génie, qui connaît sur le bout des doigts tous les rythmes africains, passe avec une incroyable facilité et une démente agilité d'un rythme hyper soutenue au tempo le plus lent et calme. Le public lui fait un triomphe et le concert se poursuit avec le retour des autres musiciens. Puis, voilà. La quatrième édition du Dimajazz s'es achevée. Tout le monde est ému, mais heureux. On attend déjà impatiemment le prochain festival… Le pari est gagné : les amis de Aziz, de l'association Limaa, ont réussi leur coup. L'hommage à Aziz a été parfait…