La Chine a jeté un pavé dans la mare, en appelant par la voix du premier responsable de sa Banque centrale à l'adoption d'une nouvelle monnaie de réserve internationale pour remplacer le dollar. Une grande part de ces réserves de change chinoises évaluées à près de 2000 milliards de dollars est libellée en dollars. La demande de la Chine n'est pas la première du genre, puisque des spécialistes ont déjà formulé le vœu de mettre en place une telle « monnaie de réserve internationale » depuis 1944, indique Camille Sari, spécialiste des questions monétiques et consultant international. La Russie avait déjà proposé que le sommet aborde la question de la création d'une monnaie de réserve supra-souveraine. M. Sari souligne que le débat a trait à la capacité des « Droits de tirage spéciaux » (DTS) de devenir « une monnaie de réserve internationale ». Pour rappel, ces DTS ont été créés en 1969 comme avoirs de réserve mondiale par le FMI, pour compléter les réserves de ses pays membres, alors que l'offre d'or et de dollars ne suffisait plus. Les DTS servent comme unité de compte au FMI et certains organismes internationaux. La Chine s'interroge sur la sécurité de ces placements dans un contexte dominé par la baisse de la valeur du dollar. Pour M. Sari, le même risque guette une partie des réserves de change de l'Algérie placée en bons du Trésor américain. « Les avoirs de l'Algérie risquent de devenir une monnaie de singe », a-t-il averti hier, en estimant que « c'est un leurre que de continuer de laisser une partie des réserves de change en bons du Trésor américain ». Commentant la décision récente des Etats-Unis d'acheter des obligations du Trésor par la réserve fédérale américaine (FED), soit 300 milliards de dollars sur un montant global de 1000 milliards engagés dans les plans de relance de l'économie américaine, M. Sari signale que cette mesure augmente le « risque d'une hyper inflation et d'une perte de valeur du dollar », car, ajoute-t-il, « il existe toujours des produits toxiques sur le marché ». « Les Américains sont en train de monétiser la dette en faisant tourner la planche à billet qui va permettre de créer des dollars ex nihilo sans contrepartie », analyse-t-il, en soulignant que cela aura des « répercussions négatives » sur les prêteurs internationaux. Notre interlocuteur indique que le pays de l'oncle Sam court le risque de se mettre dans une position inconfortable en payant ses prêteurs « avec de la monnaie de singe (sans valeur) » dans les années à venir. « C'est le cas de l'Algérie », prévient-il, en relevant que « tant que la crise financière est là, le risque est bien réel ». M. Sari préconise la création de « deux fonds souverains ». Le premier, argue-t-il, s'investira dans le placement de l'Algérie sur la scène mondiale, en rachetant « des entreprises bradées et secouées par la crise financière », et le second aura la tâche de « privilégier la production nationale à travers la mise en place d'un maillage solide de PME ».