L'idéologie ségrégationniste de l'apartheid n'est plus en vigueur depuis 1991, exactement trois siècles après la mise en place de la colonie du Cap (1691), et 43 ans après son instauration en 1948. Auparavant, un long parcours de luttes et de résistances à l'oppression a été traversé. La première grande date de ce chemin vers la liberté est la création en 1912 d'un parti politique africaniste, le Congrès national africain (ANC), qui s'affirmera vite comme la force qui viendrait à bout de l'apartheid. Des radicaux, comme Nelson Mandela, décidèrent que la stratégie pacifique n'était pas appropriée et créèrent, en 1960, le mouvement de libération Umkhonto we Sizwe. La majorité de cette génération de leaders, aujourd'hui octogénaire, sera emprisonnée à Robben Island. A la fin des années 1970, les syndicats prennent le relais de la résistance avec la gauche dominante et multiplient les actions de déstabilisation du système de l'apartheid. Les émeutes, qui ont secoué Soweto en 1976, sont le point culminant de cette période. ` Elles provoqueront une réaction internationale, notamment les sanctions émanant de l'ONU avec l'isolement du gouvernement et la solidarité avec les Noirs. Les militants blancs communistes ont été à l'avant-garde de la lutte anti-apartheid. Ils menaient l'armée de libération et assuraient les postes-clés au sein de l'ANC. Il faut dire que la gauche communiste a fait la différence le long de ce parcours. En 1990, le gouvernement Botha est renversé par les libéraux du parti au pouvoir menés par F. W. Declercq. Cela, après la réunion de plusieurs facteurs internes et externes, économiques et politiques. Tout de suite après intervient la libération des détenus politiques. Mandela pèse de tout son poids et son charisme pour convaincre la base des Noirs d'accepter les Blancs qu'il considère comme nécessaires à la nation. De son côté, Declercq réussit à faire admettre l'idée d'un référendum. Au bout de quatre années de négociations et de transition constitutionnelle (Codesa), des élections présidentielles libres et multiraciales sont tenues en 1994 et aboutissent à la victoire de l'ANC et à l'élection de Nelson mandela. La commission Vérité et Réconciliation est créée avec le prix Nobel Desmond Tutu à sa tête, annonçant le début du processus de justice transitionnelle et de réconciliation nationale. En 1995, une nouvelle Constitution est adoptée. Elle est considérée comme l'une des plus avancées au monde du point de vue des droits de l'homme, d'où le fonctionnement démocratique remarquable des institutions de l'Etat et leurs relations avec la société. D'autre part, la domination politique de l'ANC depuis 1994 n'enlève rien à la dynamique de l'opposition. Par ailleurs, il faut noter la cohérence des lois du pays avec les législations internationales et son adhésion à l'ensemble des institutions, notamment le tribunal pénal international (TPI). L'Afrique du Sud est aussi le seul pays à avoir déposé plainte auprès du TPI contre l'Etat israélien pour avoir construit le mur isolant Ghaza, preuve s'il en est de la force du système judiciaire et son indépendance vis-à-vis du politique. (1) Titre de l'ouvrage de Nelson Mandela