Ils devaient tenir, hier, un sit-in devant le Palais du gouvernement ; les enseignants contractuels en ont été empêchés. Bousculés et malmenés, ils ont été contraints à quitter les lieux aussitôt dès leur arrivée. Alors que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, était occupé par ses activités de campagne électorale en faveur du président candidat (il était hier à Tipaza), les enseignants, eux, ont été pris à partie par de nombreux policiers devant le bâtiment abritant les services du Premier ministère, à Alger-Centre. En civil ou en uniforme, les policiers étaient plus nombreux que la vingtaine d'enseignants qui ont fait le déplacement en réponse à l'appel de leur syndicat pour protester contre la précarité de leur situation. Arrivés sur les lieux vers 13h, heure décidée par le syndicat pour organiser ledit sit-in, les enseignants ont été obligés de partir à 13h30. Mais ils ont réussi à faire passer leur message : refuser la précarité et exiger leur intégration en tant qu'enseignants permanents. Brandissant des pancartes portant des slogans dénonçant la contractualisation, ils ont tenté d'abord de se rassembler sur le trottoir adjacent du Palais du gouvernement. A peine assis, les policiers leur intiment l'ordre de se lever et de quitter les lieux. Les contestataires refusent d'obtempérer et commencent à scander en cœur des slogans anti-contractualisation et critiquant le ministre de l'Education nationale. « Halte au contrat, nous demandons l'intégration », « Nous en avons marre des contrats de la honte » et « Monsieur le président, nous voulons l'intégration », ont-ils lancé. Une situation lamentable Agacés, semble-t-il, par leur entêtement, les policiers sont passés alors à la manière forte. Ils ont bousculé les femmes et ont procédé à l'arrestation de cinq jeunes enseignants. Conduits au commissariat central, ils n'ont été relâchés que vers 17h. « Ils ont voulu les présenter devant le procureur », a affirmé Meriem Maarouf, présidente du bureau national du Syndicat national des enseignants contractuels. Leurs collègues laissés à proximité du Palais du gouvernement ont quitté les lieux avec un sentiment de déception. Ils sont déçus, non seulement pour n'avoir pas pu tenir leur sit-in, mais surtout parce qu'ils savent que leur situation lamentable ne va s'améliorer de sitôt. « Cela fait 10 ans que je travaille en tant qu'enseignante contractuelle. J'ai passé six concours et je n'ai eu aucun. Ce n'est pas parce que je ne suis pas compétente, mais les concours chez nous s'obtiennent d'une manière détournée », a déclaré, en larmes, Mme Aliane Moncef Linda. Cette mère de famille venue de Tizi Ouzou a affirmé qu'elle n'a pas perçu son salaire depuis quatre ans. « Comment vais-je faire pour vivre et subvenir aux besoins de mes enfants ? », s'est-elle interrogée. Ses collègues enseignantes abondent dans le même sens. « Je n'ai pas été payée depuis deux ans, alors que des milliards sont dépensés pour l'organisation de cette présidentielle », a enchaîné une autre enseignante. Cette dernière précise encore que les responsables de l'éducation « veulent les maintenir dans la précarité la plus totale en leur faisant signer des contrats de trois mois ». D'autres enseignantes ont soulevé un autre problème ; il s'agit des enseignants bénéficiaires des contrats de pré-emploi (CPE). « Une fois que ce contrat est arrivé à terme, nous nous sommes retrouvés une nouvelle fois au chômage », a souligné une autre enseignante. Les contractuels ne comptent pas baisser les bras. Le bureau national de leur syndicat tiendra, aujourd'hui, une autre réunion pour décider des actions à mener à l'avenir. Signalons que suite à la demande exprimée hier par la défense des quinze enseignants du Cnapest, le juge de la chambre pénale près la cour de Constantine a décidé le report de l'affaire pour le 20 avril prochain. Pour rappel, les prévenus ont interjeté appel après avoir été condamnés à deux mois de prison avec sursis par le tribunal de Constantine, le 21 janvier dernier.