« L'achat a été contesté dès le début, affirme maître Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme. Car le Taser est une arme très dangereuse. » Introduit en Algérie – premier pays au Maghreb à l'avoir adopté – en 2007, ce pistolet électrique paralysant délivre une décharge électrique de 50 000 volts pendant au moins 5 secondes. Cette arme permet de viser à 7 m un individu et de l'immobiliser en « coupant la liaison » entre le cerveau et les muscles. Les muscles se contractent violemment, la décharge provoque « une douleur musculaire qui fait très mal ». Soixante-cinq pays à travers le monde utilisent cette arme réputée « anti-bavures », notamment aux Etats-Unis, en France et au Canada. Pour les autorités, le Taser augmenterait la sécurité et l'efficacité de la police lors d'une confrontation tout en réduisant les risques de blessures et en supprimant les risques de dérapages mortels. Ce qui en fait une arme alternative pour combattre le phénomène tentaculaire du banditisme et de la petite criminalité sans avoir recours aux armes à feu. Pour Boudjemaâ Ghechir, l'usage de ce type d'arme présente un risque très important pour la santé. « Les spécialistes des droits de l'homme sont clairs à ce sujet : il s'agit d'un moyen de torture. La décharge électrique peut avoir des conséquences néfastes sur l'organisme. » En clair : un arrêt du cœur chez les personnes cardiaques. Les personnes sous l'emprise de l'alcool ou de drogues et les personnes sous traitement psychiatrique médicamenteux, de l'avis même de l'entreprise Taser, fabricant des pistolets électriques, risquent elles aussi un arrêt cardiaque. Selon maître Ghechir, même les personnes en bonne santé sont concernées si la paralysie provoquée par le Taser entraîne une chute. Amnesty International évoque les risques de fibrillation ventriculaire, l'aggravation de l'arythmie cardiaque et la tétanie atteignant les muscles thoraciques. D'après une étude parue la semaine dernière dans le journal de l'Association médicale canadienne, le pistolet paralysant pourrait également provoquer une crise d'épilepsie si ses minuscules électrodes percent le cuir chevelu de la victime et délivrent une décharge électrique au niveau du cerveau. Toujours au Canada, entre 2002 et 2007, 28% des personnes ayant reçu une décharge de pistolet Taser ont dû recevoir des soins médicaux, surtout pour des brûlures, des perforations et des blessures causées par des chutes. |Rappel Suite à l'usage du Taser par la police, deux personnes ont déposé plainte récemment à Chéraga et à Constantine. Deux procès ont eu lieu, où il était impossible d'apporter la preuve que les policiers avaient eu recours au Taser.|