Polémique. Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), critique les déclarations de Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, qui a affirmé que l'Etat algérien ne pouvait pas poursuivre en justice la Libye pour avoir torturé des Algériens. Des propos qualifiés d' « irresponsables » et de « désolants », selon l'avocat qui a également expliqué à El Watan Week End que « la première raison d'être d'un Etat est de protéger ses citoyens : dévié de cette mission, l'Etat ne sert plus à rien. Il est inacceptable que ces propos viennent d'un responsable d'une institution rattachée à la présidence de la République », regrette Ghechir. Et d'insister : « La LADH condamne ces déclarations et demande à l'Etat de mieux s'occuper de ses citoyens. » L'Algérie peut-elle engager des poursuites ? « Oui, dans la mesure où elle a ratifié la Convention internationale contre la torture, explique le président de la LADH. Mieux encore, les prisonniers torturés peuvent poursuivre l'Etat libyen à titre individuel dans n'importe quel pays du monde ayant ratifié ladite convention. » Une convention qui vient au-dessus de toutes les lois, et en deuxième position après la Constitution. Cette convention d'une compétence universelle, publiée dans je Journal officiel en 1989, stipule dans son article 5 que les Etats signataires peuvent poursuivre en justice un autre Etat pour non-respect des droit de l'homme. « Notre pays doit respecter ses engagements internationaux et veiller à la sauvegarde de la dignité de ses citoyens. Une dignité qui passe avant même les raisons politiques », a réclamé Ghechir.